Les petits
Les petits, Christine Angot, Flammarion, 2011
Un couple. Ils se rencontrent. Lui, noir. Elle, blanche. Ils s'aiment. Font des enfants. Quatre. Elle devient infernale, impossible à vivre. Instaure des règles très strictes qu'il tente de suivre en faisant le gros dos. Parfois, il n'y arrive pas. Ils se détestent. Elle l'accuse de violence conjugale. De violence sur sa fille à elle. Lui, rencontre d'autres femmes. A des aventures, plus au moins réussies. Ils se déchirent. Les enfants en pâtissent.
Voilà donc le dernier Angot. Le premier pour moi. Eh oui, jusque là, j'avais réussi à éviter la star des médias. Là, pour les besoins du Prix l'Express du livre, je m'y suis collé. Alors, j'ai débuté avec un petit sourire dubitatif, un peu sûr de moi, -les interviews radios de l'auteure me laissaient penser de la sorte. Trop confuse, sûre d'elle, de ses propres qualités, du "phénomène littéraire" qu'elle représente. Tout ce que je fuis.- me disant : "allez, on va voir ce que ça vaut, mais à mon avis, ce n'est pas terrible." Les premières pages ont confirmé mon sentiment : des tonnes de "il y a", de "on", de "ça" qui rendent la lecture très désagréable, pesante. Je me suis dit encore -décidément, je me parle beaucoup pendant mes lectures : "Qu'il est cruel de passer de Makine à Angot ! D'un orfèvre du style à une écriture adolescente attardée." L'écriture est sèche, les phrases sont rapides. Trop. Pas de temps mort pour respirer. Et puis, certaines phrases sont bancales, mal construites, dont je me demande encore la signification. Exemples, qui certes tirés de leur contexte sont plus difficiles à comprendre, mais tout de même... : "Billy téléphone à des heures précises. C'est un lien de subordination dont l'horloge est fixée" (???) (p.32) "Comment quelqu'un qui est pris sous un truc militaire se sent ?" (p.47) "Il se focalise sur retomber sur ses pieds" (p.73)
Et puis, je me suis un court instant dit que j'avais exagéré. Une partie du milieu du livre m'a plu, j'avais sans doute pris le rythme. Je n'aime pas le style de Christine Angot, mais une certaine attirance pour ses personnages me retenait de fermer prématurément son roman. Pour l'histoire en elle-même, on est dans un roman réaliste. Des personnages vraisemblables. Caricaturaux, sans doute, elle dans son attitude stricte et ses reproches, lui dans sa soumission.
Et puis, juste après ces quelques reproches à moi-même formulés, la lassitude est arrivée. L'overdose de phrases extrêmement courtes qui commencent toutes par "il", "elle" ou "je", ce qui fait qu'on a l'impression de ne lire que ces pronoms. Lorsque Christine Angot s'essaie à la description d'un paysage de Martinique, je ne peux pas dire que je visualise vraiment. Même cette description est écrite dans le rythme rapide, comme si on ne pouvait pas profiter un peu du même repos que la narratrice qui voit le paysage martiniquais depuis sa terrasse. Fatigant et frustrant !
Décidément, les romans de Christine Angot ne sont pas faits pour moi et sans doute pas pour l'idée que je me fais de la littérature. Elle ne mérite pas tout le battage fait autour de ses bouquins, mais elle aborde des thèmes tellement vendeurs que les médias s'en emparent pour faire de l'audience. Connivences entre critiques, presse et éditeurs ? Elle n'est pas la seule certes, mais sa posture et son écriture sans élégance me sont assez désagréables pour que je ne renouvelle pas l'expérience de la relire.