La vie très privée de Mr Sim
La vie très privée de Mr Sim, Jonathan Coe, Ed. Gallimard, 2011
Maxwell Sim est un loser. Quarante-huit ans, en dépression depuis que sa femme l'a quitté, il n'a goût à rien. Pourtant, de rencontres en rencontres, à l'aéroport notamment -il revient de voir son père qui habite en Australie-, il va se retrouver vendeur de brosses à dents écologiques, obligé de rouler jusque dans le nord de l'Angleterre, au volant d'une voiture hybride, une Toyota Prius. L'occasion pour lui de revenir sur son enfance et de comprendre beaucoup de choses sur ses parents, ses amis.
Troisième livre lu dans le cadre du Prix du livre de l'Express et troisième déception. Quelle longueur ! Quelles longueurs ! L'idée de départ est excellente : un road-movie fait par un looser en mal de reconnaissance. Ajoutez à cela une dose d'humour anglais, et tout devait bien se passer. Mais que de digressions totalement inutiles qui ne font qu'alourdir le livre : à croire que le contrat stipulait 450 pages et que l'auteur a "comblé" les pages blanches ! Entre les explications des notices de certains appareils ménagers, la description quasi publicitaire de la Toyota Prius et les nombreuses transcriptions des paroles du GPS -il y en des pages- : "Continuez tout droit sur cette route.", " Dans deux cents mètres, tournez à gauche" (p.370), j'avoue que mon agacement est monté. Alors certes, on peut croire que c'est de l'humour. Certes, on voit que c'est de l'humour lorsque Max tombe amoureux de la voix de son GPS et qu'il lui parle. Certes, c'est drôle, un peu décalé -mais pas tant que cela, moi aussi, je dis bonjour et merci aux machines qui parlent : distributeurs de billets, pompes à carburant, ...-, mais là où ce n'est plus drôle c'est que ça dure très -trop !- longtemps. Manifestement Jonathan Coe ne connaît pas l'adage suivant : "les blagues les plus courtes sont les meilleures !" Et c'est franchement dommage, parce que le reste est pas mal. Il aborde des thèmes pas si faciles que cela : la question de l'identité, de la réussite sociale, de la réussite privée, de l'image que l'on a de soi, de celle que l'on donne aux autres, ... Autant de thèmes, et d'autres encore, qui sont noyés dans la masse des mots et des pages.
Je me dois de dire par contre, que la fin du bouquin est excellente, à partir de l'avant dernière partie, "Kendal-Braemar", page 293. Et la toute fin, jusqu'à la chute, est formidable. Dommage que tout le début du bouquin soit long, si looooooooooooooong...
Allez, pour finir sur une note positive, un petit extrait d'un dialogue très drôle (il est fort regrettable qu'il n'y en ait pas plus) :
"Alors, il a décidé de faire bouger les lignes. Il avait une vision, il voyait l'avenir. Comme Lazare sur le chemin de Damas.
- Non, celui-là, il est ressuscité d'entre les morts, a dit Lindsay.
- Quoi ?
- Lazare, il est ressuscité d'entre les morts. C'était pas lui, sur le chemin de Damas. Lazare, il n'y est jamais allé à Damas, que je sache.
- Tu es sûre de ça ?
- Écoute, il y est peut-être allé, va savoir. Peut-être qu'il y faisait un saut de temps en temps. Il y avait sans doute des parents, quoi.
- Non, je te demande si tu es sûre que ce n'est pas Lazare qui a eu une vision.
- Sûre à quatre-vint-dix pour cent, quatre-vingt-quinze, peut-être même." (p.134)