La princesse de Montpensier

La princesse de Montpensier, Madame de Lafayette, 1662 (nouvelle édition contenant le scénario du film de Bertrand Tavernier, Flammarion, 2010)
"En 1567, dans un pays déchiré par les guerres entre catholiques et huguenots, Marie de Mézières est éprise depuis toujours du jeune duc de Guise, auquel la lient les serments que se donnent les enfants amoureux. Quand la volonté paternelle lui désigne pour mari le prince de Montpensier, elle se cabre d'abord. Contrainte de se soumettre, elle décide de ne jamais lui céder ce cœur qu'elle a déjà donné à un autre."(4ème de couverture) Puis, la jeune princesse se lie d'amitié avec un ami de son mari, le comte de Chabannes qui tombe amoureux d'elle. Survient aussi le duc d'Anjou, frère du roi, très sensible lui-même au(x) charme(s) de la jeune femme.
Au hasard d'un jeu sur Internet (je crois que c'est sur facebook), j'ai gagné ce livre qui est en fait le scénario du film de Bertrand Tavernier suivi de la nouvelle de Madame de Lafayette. Pour être complet, ce scénario est co-écrit avec Jean Cosmos et François-Olivier Rouseau. Dédicacé personnellement par Bertrand Tavernier, je l'avais un peu laissé à l'abandon. Au hasard d'un rangement je l'ai retrouvé et si j'ai laissé un peu de côté la lecture du scénario, j'ai directement filé vers la fin du livre, vers la nouvelle de Mme de Lafayette. Et quelle ne fut pas ma surprise d'y trouver grand plaisir à la lire, moi qui fuis les grands transports amoureux et qui ne suis pas totalement amateur du style 17° siècle. Mais quelle femme -et quel lecteur- pourrait résister à un tel renoncement-déclaration d'un prétendant, à part la princesse de Montpensier : "C'est un homme qui n'est capable que d'ambition, mais puisqu'il a eu le bonheur de vous plaire, c'est assez ; je ne m'opposerai point à une fortune que je méritais sans doute mieux que lui, mais je m'en rendrais indigne si je m'opiniâtrais davantage à la conquête d'un cœur qu'un autre possède. C'est trop de n'avoir pu attirer que votre indifférence : je ne veux pas y faire succéder la haine en vous importunant plus longtemps de la plus fidèle passion qui fut jamais." (p.214) ?
Ce qui surprend dans ce texte, c'est d'abord le très jeune âge des protagonistes, puisque lorsque l'histoire commence ils ont 13 ou 14 ans et que celle-ci finit lorsqu'ils arrivent à un peu plus de 20 ans. Ensuite, c'est la morale qui se dégage de la nouvelle qui étonne : il n'est pas question de passage à l'acte de chair. Les élans amoureux se font entre deux portes ou bien sont épistolaires. La morale est sauve, et la femme n'a pêché qu'en pensées.
Dans l'avant-propos, Bertrand Tavernier explique très bien cela, et dit pourquoi, dans son film, il a préféré prendre des options différentes de Madame de Lafayette plus en relation avec notre époque. Je n'ai pas encore vu son film, librement adapté de la nouvelle, pourtant j'en avais très envie. Après cette lecture, je suis encore plus motivé à aller le voir. J'espère qu'il est encore projeté.