Totally killer

Totally killer, Greg Olear, Gallmeister, mars 2011
New York, 1991. Taylor Schmidt, une charmante jeune femme de 23 ans débarque de son Missouri natal. Toute nouvelle diplômée, elle ne réussit pas à trouver de boulot. Elle écume les bureaux de placements sans succès. Un jour, dans la boîte à lettres de l'appartement qu'elle partage avec Todd Lander (le narrateur), elle trouve une annonce d'un bureau de placement pas comme les autres :
"Des jobs pour lesquels vous seriez prêts à tuer.
Marre des autres agences ? Essayez la meilleure - QUID PRO QUO." (p.37)
Dans cette agence, il suffit de dire ce qu'on veut faire et on obtient un poste à peu près correspondant, très rapidement. Mais il existe une contrepartie. Un prix particulièrement difficile à payer.
Qu'il m'a été difficile de résister à la première partie du bouquin : la mise en place des personnages, des situations est très longue. Beaucoup de références à l'année 1991 avec des noms de personnes et de lieux a priori connus, mais pas de moi. Loin d'être un spécialiste des Etats-Unis et pas forcément passionné par les années 90, je m'y suis perdu. Heureusement, il y a de bons passages qui permettent de tenir. Et tant mieux serais-je tenté de dire, parce qu'à partir de la page 131, l'histoire s'emballe. Et là, je me suis retrouvé en plein roman noir à la fois grinçant, drôle et dérangeant. Voilà le passage qui, selon moi, fait basculer vraiment le livre : "Tandis qu'il la tenait serrée tout près de lui, Taylor prit conscience de deux choses en même temps. Premièrement, le lendemain était le jour de son entretien de suivi avec le boss de Quid Pro Quo (dont le nom n'avait jamais été mentionné par Asher) et il allait être question du remboursement.
Deuxièmement, ce qu'elle avait pris pour du rouge à lèvres était en fait du sang." (p.135)
Ensuite, Taylor, jusque là, jeune femme ambitieuse certes, mais seulement ambitieuse, passe du côté obscur de la force. Todd, son co-locataire, le narrateur, ne peut que constater que celle dont il est amoureux lui échappe totalement.
L'écriture est plutôt moderne, sans être trash. Rien de bien nouveau, mais à part ces références étasuniennes des années 90 auxquelles je ne comprends rien (qui s'estompent dans la seconde partie au fur et à mesure que le récit s'épaissit), le livre se lit bien et agréablement. J'ai pu trouver dans ce livre des ressemblances avec certains films : Le prix du danger, d'Yves Boisset ou encore Le couperet, de Constantin Costa-Gavras. Surtout avec le second d'ailleurs. Mais j'ai eu également des flashs du premier au cours de ma lecture. Peut-être le constat que certains sont obligés d'aller au bout de leurs limites pour exister ? Peut-être la vision de l'auteur sur le monde des médias et de la justice ?
Enfin, ce que je peux dire c'est que cette seconde partie est passionnante et que je me suis demandé jusqu'à la fin comment cette histoire pourrait finir. Je suis d'ailleurs plutôt surpris de la manière dont Greg Olear clôt son roman : une fin bien amenée et assez étonnante.
Pour résumer, si vous passez rapidement les 130 premières pages, vous découvrirez un très bon roman noir, qui franchement vaut le coup que vous fassiez ce petit effort.