Stabat Mater
Stabat Mater, Tiziano Scarpa, Le livre de poche, 2012, Christian Bourgois, 2011 (traduit par Dominique Vittoz)
"Cecilia, la narratrice, est orpheline. Elle a été abandonnée à sa naissance et recueillie par l'hospice de la Pietà, à Venise. Chaque jour, masquée et dérobée au regard du public, Cecilia joue du violon. Dans cet univers confiné et reclus, la musique est sa seule source de joie et de réconfort, tandis que chaque nuit elle parle et écrit à cette mère inconnue dont l’absence la fait cruellement souffrir. L'année de ses seize ans, un nouveau professeur de musique vient remplacer le vieil abbé qui officiait auparavant : un jeune prêtre aux cheveux roux, Antonio Vivaldi." (4ème de couverture)
Tout petit bouquin de 153 pages sans compter les annexes, idéal pour emporter dans une poche ou un sac, mais attention, lecture pas aisée. Pas aisée, parce que c'est une suite de lettres que Cecilia envoie à sa mère-absente, et pour cause, puisqu'elle a été abandonnée dès sa naissance, dans lesquelles outre le fait de raconter sa vie à l'orphelinat, Cecilia parle avec "une tête aux cheveux de serpents" qui est la mort, déborde sur des considérations religieuses et se lamente sur sa vie, sa solitude, l'absence. "On peut dire que mon enfance n'a été qu'une longue suite de ténèbres. Je ne dis pas cela pour me plaindre ni pour vous tourmenter. C'est ainsi, voilà tout. Madame Mère, m'avez-vous jamais imaginée ? Vous êtes-vous jamais demandé comment j'ai vécu mes premières années ? Pour que votre imagination serve la vérité, il faut vous représenter une fillette qui passe ses nuits les yeux grands ouverts, dévorée d'angoisse." (p.12/13)
Ce n'est pas que je n'aie pas de compassion pour cette jeune personne (malgré mon physique d'homme dur, j'ai aussi un petit coeur. Sensible, je suis.). Non, ce qui me gêne, c'est le ton employé par l'auteur, le style résolument larmoyant et pessimiste. C'est mon côté naïf et optimiste qui prend le dessus. L'alternance des passages dont je parlais plus haut est aussi déconcertante et agaçante.
Je critique, je critique, mais ça va mieux sur la fin, sans vouloir déflorer l'histoire. Antonio Vivaldi, messieurs-dames, le grand Antonio, tel Zorro arrive (bon, là évidemment, citer Zorro, qui plus est une chanson d'Henri Salvador, on saisit mieux l'écart de culture. Salvador, Vivaldi même combat ? Pas vraiment ! Comment même oser accoler ces deux patronymes ? Je m'enfonce, je m'enfonce.) Réussira-t-il à libérer la jeune fille de ses angoisses ? La musique a-t-elle ce pouvoir ? Vous le saurez en lisant Stabat Mater, parce que moi, je ne dirai rien. Enfin, si je ne vous en ai pas dégoûtés ce que je n'espère pas, car bien sûr il en est de la littérature comme des goûts et des couleurs, à chacun la sienne et les siens.
Mes regrets aux attachés de presse Livre de poche pour ce partenariat raté.
Des avis moins négatifs chez Mango et Biblioblog.