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Le testament noir

Publié le par Yv

Le testament noir, Patrice Pélissier, Presses de la cité, 2012

Un jeune photographe parti faire des clichés sur les lieux de son enfance, découvre dans son objectif une vieille caisse abandonnée marquée d'un croix gammée. Dans le village de Saint-Ambrose, proche d'Aix en Provence, c'est l'effervescence, car flotte depuis plus de soixante ans la rumeur d'une caisse prise aux Allemands, remplie d'or. Un trésor. Bientôt, c'est une véritable ruée vers le village, d'habitude hors des sentiers des vacanciers. Puis, César Andréani, vieil homme du village, très troublé par la découverte de cette caisse, est retrouvé assassiné, un couteau dans le dos, avec roulé dans sa main, un morceau de papier portant le nom d'un policier, Victor Kobolsian. Ce Kobolsian est policer à Aix et vit des moments difficiles, sa femme est dans le coma, victime d'un accident de la route. Bien qu'il ne se connaisse aucun lien avec ce village, il est dépêché sur les lieux de la découverte et du crime.

Voilà un polar provençal rondement mené, maintenant le suspense jusqu'au bout. Souvent, j'ai des indices qui viennent au fil de mes lectures. Parfois tôt, parfois tardivement, après avoir éliminé plein de suspects, je parviens à découvrir le coupable avant la fin. Là, je me suis fait baladé. Il est vrai que Patrice Pélissier est futé, qui sait jouer avec divers narrateurs et mêler les histoires pour nous embrouiller. Pas dans la compréhension de son roman, mais dans la recherche du ou des coupables.

C'est donc un roman policier bien construit, qui débute par un prologue censé nous donner la genèse du propos, puis, qui alterne les narrateurs (le photographe, le gendarme, le flic, la journaliste, ...), incluant également des pages d'un mystérieux  journal tenu pendant les années 1937/1943 par une jeune fille et qui finit bien entendu par un épilogue. Classique et efficace ! Le suspense latent dans les premières pages, monte dans la seconde partie jusqu'à nous en faire oublier de lâcher le livre pour vaquer à des occupations plus lucratives.

Les personnages de P. Pélissier sont de forts caractères, de fortes personnalités qui s'affrontent sous la chaleur accablante ; ils prennent tour à tour l'ascendant, ne veulent rien lâcher. Point trop caricaturaux, ils ont des forces et des faiblesses. Et même si Kobolsian est sans doute, le plus stéréotypé, l'auteur préfère en jouer : "Loubeyrac avait été impressionné par Kobolsian, parfaite caricature du policier : spectre fatigué au visage rongé par les rides et les cernes. La jeune femme qui l'accompagnait semblait venir d'un autre monde si on la comparait à son collègue. Grande, au physique élancé, elle respirait la santé, malgré des traits fermés." (p.133)

Ce n'est pas un roman policier avec un contexte très fort, politique, historique ou social comme je les aime, car même si l'origine de son intrigue prend racine pendant la seconde guerre mondiale, je ne peux pas dire que celle-ci en soit vraiment le contexte. Mais, c'est un polar avec des personnages attachants, autant dans les enquêteurs que dans les suspects, dans les vies desquels on entre un petit peu, voire un peu plus pour certains. Il nous dit aussi ce que peut être la vie dans les petits villages tant dans les années 40  (c'est à dire dans des années particulières pour la Provence qui n'a été occupée qu'en 1942, alors que le nord de la France l'était déjà depuis deux ans) que de nos jours.

Après son très bon L'homme qui en voulait trop, Patrice Pélissier récidive de très belle manière. A mes yeux, un ton au-dessus du précédent, surtout parce que là, je n'ai rien à dire de négatif : les tics d'écriture un peu désagréables de L'homme qui en voulait trop ont été gommés.

Le problème pour vous, maintenant, mon cher Patrice -j'espère que vous me pardonnerez cette familiarité-, c'est que vous devez faire au moins aussi bien pour le prochain ! Attention à vous, je vous guette, parce que je ne vous lâcherai pas comme ça, maintenant que j'ai pris goût à vos histoires. Stressante cette demande de qualité, n'est-il pas ? C'est de votre faute, fallait pas m'habituer !

Merci beaucoup Laura

 

challenge 1%region.jpg thrillers

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L
et en plus, cela se passe pas loin d'Aix en Provence...<br /> tu me tentes !
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Y
<br /> <br /> Local, je te l'ai dit... Et très bien<br /> <br /> <br /> <br />
P
Bonjour,<br /> Merci pour cette critique et promis je vais essayer de faire mieux la prochaibe mais dans un autre registre...<br /> Bon pour la pression, ne vous inquietez pas , le but est d'écrire avec plaisir et envie...le secret est là.<br /> Bon week end<br /> Amitiés<br /> Patrice Pelissier<br /> www.patricepelissier.com
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Y
<br /> <br /> Bonjour Patrice<br /> <br /> <br /> En fait, je me doutais bien que je ne vous mettais pas la pression. La lecture c'est comme beaucoup de choses dans la vie, lorsqu'on lit de la qualité on ne veut pas revenir à du bas de gamme. Je<br /> vous relirai donc avec plaisir et d'ici là, prenez-en (du plaisir) à écrire pour m'en procurer plus tard.<br /> <br /> <br /> A bientôt et merci de votre passage<br /> <br /> <br /> <br />
C
Non mais tu harcèles les auteurs ?
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Y
<br /> <br /> Ben oui, pas toi ? Je croyais que c'était la norme !<br /> <br /> <br /> <br />
A
Quelle mise en garde, j'espère que cela ne va pas trop stresser l'auteur.
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Y
<br /> <br /> J'espère moi aussi. J'en ai peut-être trop fait ?<br /> <br /> <br /> <br />
G
Ta conclusion m'a fait sourire! Eh bien, un bon polar comme celui-là, c'est tout à fait ce que j'aime. Je le note.
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Y
<br /> <br /> Un bon moment en perpective.<br /> <br /> <br /> <br />
K
Finalement Terres de France serait plutôt pour moi, mais rayon policier...
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Y
<br /> <br /> J'avoue que c'est le rayon qui me va le mieux aussi.<br /> <br /> <br /> <br />