Rouler
Rouler, Christian Oster, L'olivier, 2011
Un jour, un homme, le narrateur, Jean, monte dans sa voiture et prend la route vers le sud, vers Marseille. Il prend les petites routes, refuse les autoroutes. Il rencontre des gens, les prend parfois dans sa voiture. Se perd au hasard de promenades à pieds, et se retrouve à demander de l'aide à des habitants. Rouler est un road-movie sur les routes de la campagne française.
Une fois que j'ai fait le résumé, j'ai tout dit du livre de Christian Oster, je peux remballer !Je développe un peu quand même. On peut trouver de beaux passages, une écriture changeante en fonction de l'activité de Jean :
- plutôt des phrases courtes lorsqu'il s'agit de ses actes : "J'ai pris le volant un jour d'été, à treize heures trente. J'avais une bonne voiture et assez d'essence pour atteindre la rase campagne. C'est après que les questions se sont posées. Après le plein, j'entends. En même temps, c'était assez simple. Comme j'avais pris la direction du sud, je me suis contenté de poursuivre. Je voulais juste éviter Lyon, de sorte que je me suis retrouvé à la tombée de la nuit perdu quelque part dans le Massif central." (p.9)
- et des phrases nettement plus longues lorsqu'il s'agit de ses interrogations, de ses doutes : "Quant à Claire, je ne savais trop quoi en penser non plus. Agréable à regarder, sans doute, me disais-je, plus qu'à entendre, quand elle veut bien ouvrir la bouche, une sorte de franchise, également, qu'il m'a semblé déceler dans le coup d’œil qu'elle m'a jeté tout à l'heure, mais quelque chose aussi, me disais-je encore, qui échappe, ou qui s'échappe, et qu'on n'identifie pas, qui la pose comme exactement à côté d'elle-même, à la manière d'une sœur boudeuse, laquelle n'en penserait pas moins." (p.50/51)
Mais cette écriture qui fait que j'ai tenté de résister à la tentation ultime de refermer ce livre devient assez vite rengaine, litanie. Par exemple, la phrase qui suit directement celle que je viens de citer ; attention : respiration avant de lire ! Êtes-vous prêts ? Je cite : "Enfin, songeais-je, avec elle je pourrais peut-être passer une heure, à l'observer, surtout, si j'avais besoin de dépaysement, mais ai-je besoin de dépaysement, ne suis-je pas assez dépaysé, déjà, n'ai-je pas mon compte de dépaysement, ne souhaité-je pas tout simplement me retrouver avec moi-même, me disais-je, dès lors que je ne m'arrête plus nulle part, désormais, et que je ne m'inflige plus mon poids à l'état de repos." (p.51)
Je vous promets, je jure et je crache que je n'ai fait que restituer le texte exact, répétitif, pas forcément adroit. Ne serait-ce la longueur de la phrase on dirait presque du C. Angot. D'ailleurs, le parallèle n'est pas si idiot -là, se cache une sorte de compliment déguisé, à peine, à moi-même, saurez-vous le découvrir ?-, puisque j'ai entendu certains journalistes dithyrambiques sur ce livre de Christian Oster comme ils le sont sur ceux de sa camarade de plume (P. Clark, entre autres, pour ne pas la nommer sur France Inter). Mais que trouvent-ils à ces écrivains qui hésitent, qui font des phrases mal tournées et qui écrivent des livres ennuyeux et creux ? Parce que celui-ci, à part, un carnet des routes que Jean emprunte, je ne vois pas ce qu'il apporte. Les personnages sont vides, jamais vraiment déterminés. Ce ne sont qu'interrogations vaines sans réponses. Si par hasard, vous voyez ce livre, n'hésitez pas, prenez celui d'à côté, l'Atlas des routes du sud de la France (ça doit bien exister, non ?) : vous aurez le même itinéraire, mais les cartes en plus !
Deuxième sélection du Prix du roman de France Télévision : décidément, ça commence bien mal pour moi ! Ils ne vont peut-être pas me garder, et je ne verrai pas Michel Drucker ! NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON, c'est trop horrible !
D'autres avis : Constance, Jostein, Stef, L'ivrogne, Bernhard.
Peut-être un peu plus sur son entretien avec Interlignes