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Lento

Publié le par Yv

Lento, Antoni Casas Ros, Christophe Lucquin, 2014....,

Lento surnommé ainsi à cause de sa grande lenteur est un garçon très étonnant, de par sa naissance déjà : soixante-douze jours ! Laissant sa tête à l'air libre et le corps au chaud dans celui de sa mère, le temps d'observer ; sa mère refuse tout traitement ou intervention pour qu'il accélère le mouvement, elle ne souffre pas et profite de son enfant, et vice-versa. Puis, enfin, il naît et son extrême lenteur pose des problèmes aux autres, pas à lui ni à sa mère. Il prend son temps pour tout sentir, regarder, entendre, toucher. 

Lento est un conte. Un conte poétique et cruel, humain et hymne à la nature, totalement fou ou un peu "barré" et philosophique, léger et profond. C'est une ode à la lenteur, à l'observation des autres, de la vie quelle qu'elle soit, des vies diverses, celles des hommes bien sûr, mais aussi celles des autres êtres vivants, celles des minéraux. Lento est un être ultra sensible, en lien avec les éléments, perméable à toute forme de vie qu'il approche et il fait tout, malgré l'adversité, pour garder ce lien et même l'augmenter autant que faire se peut.

Tout débute par cette naissance en soixante-douze jours : "Il sort d'abord la tête de la vulve de sa mère, il sent le glissement des chairs sur son front, son nez souple, sa bouche. Le menton passe. La tête entière émerge. Pour l'instant, il décide d'en rester là. Regarder avant d'aller plus loin. Peser le pour et le contre. Naître n'est pas un mouvement anodin puisqu'il implique la mort." (p.7) La suite, Lento la vit à son rythme particulièrement lent, il profite de chaque seconde, décide de vivre pleinement les douze sens décrits par Tom Mook (dont je n'ai pas trouvé de traces, est-il réel ? inventé par Antoni Casas Ros ?) : "La vue. Le toucher. L'odorat. Le goût. L'ouïe. La satiété/La faim. La kinesthésie/ Le corps. La douleur/Le plaisir. La thermoception. L'équilibre. Le langage. Le sens du Je/ Le sens de l'Autre." (p.37/38) Et il ira jusqu'au bout de ses expérimentations, s'imprègne des odeurs dans des pages sublimes de poésie qui décrivent sa rencontre avec A. Il peut regarder son linge sécher tout un après-midi pour voir le vent s'infiltrer dans les fibres, en chasser ou sécher les gouttelettes d'eau. Il est chaque fois en osmose totale -dans le sens premier de ce mot, à savoir le transfert d'une solution vers un autre, à travers une membrane semi-perméable- avec les éléments qu'il observe ou avec les gens qu'ils rencontrent. Mais sa lenteur est un handicap pour les autres qui l'enfermeront et voudront à tout prix lui faire acquérir de la rapidité. Lento, lui, en fait une force, celle qui lui permet de s'échapper des règles qu'on veut lui imposer. 

Admirablement écrit, ce livre parle de tolérance, d'acceptation de la différence. J'ai pu parfois me perdre en des phrases ou des paragraphes plus ésotériques, mais à chaque fois, je retrouvais le fil quelques lignes plus loin, et les quelques passages un peu plus "barrés" ne m'ont jamais ennuyé grâce à l'écriture de l'auteur, poétique, tendre, fluide, qui colle parfaitement au personnage de Lento. 

Antoni Casas Ros a déjà publié chez Gallimard. C'est une première pour lui chez Christophe Lucquin, qui édite un nouveau texte particulier, étonnant et fort ce qui est la marque de fabrique de la maison, de la vraie littérature qui change du prêt-à-lire qu'on trouve sur les rayonnages. Toujours en sa livrée élégante blanche avec un ou des points bleus.

 

 

rentrée 2014

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N
En voilà un qui a l'air de sortir des sentiers battus !
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Y
<br /> <br /> Tout à fait, comme souvent chez cet éditeur<br /> <br /> <br /> <br />
Z
souviens-toi le livre : l'assassinat d'Hicabi Bey ou l'amour viendra Petite : la soumission ne peut être qu'illusion !!<br /> Mais va savoir Charles...
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Y
<br /> <br /> Aïe, il faut que j'arrête de te prêter des livres...<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Oui, Maître
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Y
<br /> <br /> Ah, enfin quelqu'un qui se soumet...<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Eloge de la lenteur !! je ne connais pas cette maison d'édition ni l'auteur, tu titilles, tu titilles
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Y
<br /> <br /> Quoi, tu ne connais pas ? Depuis le temps que j'en parle ! Pour ta punition, celle de ne pas me lire régulièrement, un livre de Christophe Lucquin devras lire... <br /> <br /> <br /> <br />
A
Ton billet me donne très envie d'aller voir du côté de ce Lento.
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Y
<br /> <br /> Je ne peux que te le conseiller<br /> <br /> <br /> <br />
K
Conquis par l'éditeur, dis donc! Des choix intéressants. Pas ces trucs formatés.
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Y
<br /> <br /> Oui, je suis conquis, même lorsquei le roman est "moins formidable", ce qui n'est pas le cas pour Lento, ily a toujours quelque chose qui retient : l'écriture ou l'angle de vue, l'originalité du<br /> point de vue ou de l'histoire ou des personnages et parfois, il ya tout cela en même temps, et alors c'est le pied pour le lecteur que je suis qui aime la découverte et la surprise. Un éditeur<br /> qui ose et ça se sent !<br /> <br /> <br /> <br />