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Laissez parler les pierres

Publié le par Yv

Laissez parler les pierres, David Machado, Ed. de l'aube, 2014 (traduit du portugais par Vincent Gorse)., 

Valdemar est fils unique, enfant a problème, renvoyé du collège. Son père est professeur, sa mère journaliste. Depuis quelques années, ils hébergent le grand-père de Valdemar, plein de cicatrices, des doigts en moins qui raconte des histoires à son petit-fils : mis en prison à la veille de son mariage, accusé d'être un comploteur anti Salazar, jamais ce jeune homme doux et bon qu'il a été ne refera surface, il laissera place à un homme détruit et haineux.

Si le fond du bouquin est très bon, l'histoire du Portugal dans les années soixante, la dictature de Salazar, la forme ne me convainc pas. D'abord, je ne suis pas très friand des romans dont les enfants ou adolescents comme Valdemar sont les narrateurs, c'est souvent une technique pour cacher quelques faiblesses d'écriture. Ensuite, David Machado procède beaucoup par allusions, parle d'une situation ou d'un événement que le lecteur ne connaît pas encore en voulant l'accrocher, le garder dans ses filets : "Il est probable que s'il avait pu deviner les incroyables événements qui allaient se produire le lendemain matin, Nicolau Manuel aurait regardé plus longuement, plus intensément la jeune fille, pour tenter de graver à jamais sa magnifique image dans sa mémoire." (p.59) Un procédé censé donner du suspense -pratiqué dans les polars notamment-, mais qui trop usité devient voyant, facile, masque sans doute des insuffisances de mise en forme et pour tout dire est agaçant. Dans cette phrase, on voit par ailleurs force adjectifs ou adverbes puissants ("incroyables", "longuement", "intensément", "magnifique") qui censés donner du poids à la phrase l'affaiblissent et lui donnent tout d'un mauvais scénario. Un bon bouquin n'a pas besoin de tous ces artifices pour toucher, émouvoir et plaire. Je suis d'autant plus sensible à cet argument que j'essaie -en vain- de me débarrasser de cette mauvaise habitude de coller un adjectif ici, un adverbe là, mais bon, j'ai une excuse, je ne fais pas de l'écriture ma profession. 

Néanmoins, pour être totalement complet, le contexte est très présent, suffisamment fort pour tenir le lecteur, c'est d'ailleurs pour cette raison que David Machado n'avait pas besoin des artifices dont je lui reproche l'usage. Je me dois de dire également que je ne suis pas un féru de l'histoire du Portugal (à vrai dire, je ne la connais pas du tout) et nul doute que ceux qui s'y intéressent trouveront chaussure à leur pied voire chaussures à leurs pieds pour ceux qui ne sont pas unijambistes. 

Mon avis n'est qu'un ressenti personnel, ce bouquin qui pourrait bien faire mouche -il en la densité-, car je suis souvent décalé dans mes choix de lecture. Les éditions de l'Aube sont une petite maison d'édition qui mérite qu'on s'arrête sur son catalogue large et éclectique, tiens d'ailleurs si vous cliquez sur son nom, vous y êtes...

 

 

rentrée 2014

Commenter cet article
A
Vu chez ma libraire préférée, il ne m'avait pas tenté.
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Y
<br /> <br /> Comme quoi...<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Je lis un livre narré par un enfant ! une couverture avec un pistolet plastique. Tu connais...
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Y
<br /> <br /> Oui et je t'en souhaite une bonne lecture, même si ce n'est pas celui que j'ai préféré dans la collection<br /> <br /> <br /> <br />
H
Il m'attend, je verrai bien...
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Y
<br /> <br /> Je viendrai te lire ensuite<br /> <br /> <br /> <br />
K
Te voilà déçu, mais tu expliques bien pourquoi. Connais pas l'éditeur.
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Y
<br /> <br /> Oui, il ne s'agit pas de descendre un bouquin pour le plaisir, mais juste de dire qu'in ne me convient pas. Quant à l'éditeur, je creuse... j'en reparlerai bientôt<br /> <br /> <br /> <br />