Le mariage pour tous
Le mariage pour tous, Éd. Tchou, 2013
Ce livre est édité dans la collection "Les murs ont la parole". Tous les murs, les vrais en béton ou parpaings, mais aussi, il faut vivre avec son temps, les virtuels sur les différents réseaux sociaux. Le sujet est brûlant et on ne peut plus d'actualité, puisque je choisis de chroniquer ce recueil aujourd'hui, jour du vote solennel à l'Assemblée Nationale du texte de loi instaurant le mariage pour tous, alors qu'en fait le livre ne sortira réellement que le 02 mai (merci à Gilles Paris au passage). L'ouvrage reprend donc tout ou une grande partie de ce qui a pu être écrit sur les murs, dans les journaux, sur les banderoles, les pancartes des militants pour le oui au mariage. C'est Marie Clavel qui a compilé et Muriel Flis-Trèves qui a fait la préface. Elle est psychiatre et psychanalyste à Paris, mariée et mère de famille pas "militante, [elle] s'investit beaucoup sur les différentes façons de "faire la famille" avec un esprit ouvert à la discussion. Son intérêt pour les questions liées à la parentalité et aux mutations sociétales se retrouve dans les colloques qu'elle organise chaque année et qui font l'objet de publication chez Odile Jacob et aux P.U.F" (note de l'éditeur)
Si chacun peut avoir son opinion et la défendre ardemment, j'avoue ne pas comprendre le déferlement de violence envers ce projet de loi, qui déjà adopté dans nombre d'autres pays européens n'en a pas bouleversé les sociétés : "La Belgique a légalisé le mariage depuis 2003 ! Le pays existe toujours et les moules se mangent encore avec des frites..." Si comme le disait Chantal Jouanno (entendue le lundi 15/04 sur France Inter) Mmes F. Barjot et C. Boutin ont besoin de cela pour exister médiatiquement et entretiennent même le feu pour qu'on parle d'elles encore un peu, pourquoi les milliers d'autres personnes descendent-elles dans la rue, elles à qui on n'enlève rien, puisqu'elle pourront continuer à procréer et à se marier (enfin, l'inverse plutôt, d'abord on se marie, ensuite on procrée, bien sûr, je ne voudrais pas blasphémer, où diable (sic) avais-je la tête ?) ? Je ne voudrais pas être trop lourd ni trop sérieux sur le sujet, tous les arguments ont été dits et entendus, malgré ce que disent les opposants au texte, je ne reparlerai donc pas de filiation, ou de PMA ou de GPA (puisqu'elles ne sont pas dans le projet de loi). Néanmoins, je me permettrai deux remarques :
- pourquoi les catholiques intégristes prient-ils dans les rues, alors qu'il me semble bien que les prières de rues sont interdites ? Ou alors ne le seraient-elles que pour certaine religion ?
- pourquoi certains hommes politiques de droite descendent-ils dans la rue contre cet texte ? Il me souvient qu'en 2002, entre les deux tours de l'élection présidentielle (JM Le Pen au second tour), ils n'avaient pas daigné y marcher pour manifester leur soutien à la République arguant du fait qu'il n'était pas dans la tradition de la droite française de descendre dans la rue (un de ceux que l'on voit beaucoup en ce moment le disait dans un reportage sur cette élection présidentielle, tourné par Serge Moati, il me semble). Sans doute pour lui et pour ses collègues, donner des droits aux couples homos est-il plus dangereux que de maintenir la démocratie en France ! Pire, certain(e)s manifestent maintenant, non plus contre le FN mais avec lui !
Personnellement, je suis pour cette loi, pour le bien de l'enfant, car je suis persuadé qu'un enfant s'épanouira mieux chez un couple aimant (ici, toutes les combinaisons deviennent possibles) que dans une famille déstructurée et je ne crois pas du tout au mal-être d'un enfant qui grandit dans une famille homoparentale : de toutes façons, parents, dites-vous que vos enfants, à un moment ou à un autre auront honte de vous pour n'importe quelle raison, parce que vous être gros, maigre, petit, grand, moche, trop beau (là, ça sent le vécu), vantard (hein ?), modeste (ah, oui, ça me va mieux), homo, hétéro, pas drôle (euh...), pénible (euh... bis), lourdingue (euh... ter), trop présent, pas assez présent, ... Liste non exhaustive. Alors, un argument en leur faveur de plus ou de moins ... J'enfonce probablement une porte ouverte, mais ça me semble être le seul véritable point important : l'intérêt de l'enfant. Alors, certes, il y aura des familles homos à la ramasse, des couples homos qui après le mariage goûteront aux joies du divorce, de la garde alternée, mais sans doute pas plus que les couples hétéros. Rien de bien nouveau finalement. D'ailleurs lorsqu'on lit le bouquin, on s'aperçoit très vite que les homos candidats au mariage ne rêvent que d'une chose : vivre comme les autres. Égalité dans la joie du mariage : "Je veux pleurer de joie au mariage de ma fille et de ma belle-fille.", "La mariée est tout le temps la plus jolie d'un mariage. Imaginez deux mariées au même mariage alors...", mais égalité dans les galères et les emmerdements : "Moi aussi je veux pouvoir épouser une chieuse, appeler mes gosses Kevin & Tyson, et avoir un chien qui pue", "Ça fait 2000 ans que vous ratez vos mariages... Laissez-nous essayer."
Et puis, dernier argument et pas des moindres, en regardant bien les uns et les autres, les pro-mariages pour tous sont vachement plus drôles et inventifs (notamment les gays dans l'auto-dérision et dans la reprise à leur compte de tous les poncifs et les blagues éculées à leur propos) que les anti. Florilège :
- François, recule pas, les homos sont derrière toi.
- François, lâche pas les pédales !
- On est tellement folles qu'on veut se marier
- Moi aussi je veux rouler en scenic
Et ma préférée : "Pitié ! Elle m'a dit "pas avant le mariage"..."
Alors, François et Jean-Marc (il faut bien quelqu'un qui le soutienne) ne lâchez pas, au besoin achetez ce bouquin qui vous remontera le moral, offrez-le à vos adversaires (il y a même des citations de gens de droite pour le projet, B. Apparu, F. Riester) et pour finir, une citation qui colle bien à son auteur Michel Galabru : "Je suis pour le mariage homosexuel. Je ne vois pas pourquoi on devrait épargner quelqu'un parce qu'il est homo."