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La méthode Arbogast

Publié le par Yv

La méthode Arbogast, Bertrand De La Peine, Minuit, 2013.....

Valentin Noze est apprenti-iconographe chez un éditeur. Un jour, un moineau se perche au bord de sa chambre et va à la suite de divers enchaînements provoquer la chute du jeune homme qui se retrouve à l'hôpital. Une fois sorti, il souffre de migraines et consulte le professeur Arbogast, spécialiste ès-céphalées qui les soigne par hypnose en y ajoutant une touche très personnelle à base de céruléine et d'images. Valentin apprécie le traitement, d'autant plus qu'il y rencontre Sibylle.

Bertrand De La Peine écrit bien, très bien. De lui, j'ai lu Bande-son, qui s'il m'a laissé circonspect quant à son sens et au traitement superficiel des personnages, m'a aussi charmé par son style. Dans La méthode Arbogast, je retrouve tout le plaisir de lire des belles phrases, des mots rares ("ramponneau" = coup violent, "sempervirent" = toujours vert, pour un végétal, ...), des enchaînements réjouissants. A ce propos, je conseille à chacun de lire au moins le premier chapitre qui est un vrai régal : les situations se succèdent comme dans un jeu de domino où chaque pièce fait tomber la suivante. Malheureusement, je ne peux le citer ici, car trop long, mais faites-moi confiance, il est bath. Jusqu'au bout des 125 pages (Ah que j'aime ces écrivains -et les éditions Minuit- capables de faire bien voire très bien ou excellent en un petit nombre de pages !), le plaisir de lire reste intense et jamais ne s'émousse. 

Par rapport à Bande-son, l'auteur a travaillé ses personnages : Valentin a de l'étoffe ainsi que P. Routledge, Sibylle ou D.O.G, les principaux intervenants. On peut y croire, on sait où ils vont chacun d'entre eux. Arbogast est finalement, bien qu'il donne son nom au titre un personnage secondaire, un scientifique qui "[pratique] l'hypnose sur ses patients afin de les soulager de leurs lésions crâniennes à l'aide d'images récurrentes." (p.19) C'est lui qui permettra la rencontre entre Sibylle et Valentin, à son insu, et qui justifiera l'intrigue du roman. C'est grâce à lui également que Valentin voit des images partout, et que l'auteur peut çà et là, placer brièvement tel ou tel tableau de peintres plus ou moins connus. B. De La Peine doit être amateur d'art, car Bande-son tournait déjà autour de ce thème ; là il suggère par petites touches, mais le thème principal est ailleurs : la défense des animaux ; je ne vous dis pas comment on y arrive, mais tranquillement -pour nous, moins pour Valentin et Sibylle- le lecteur est mené vers Madagascar et sa faune.

Un très bon roman, enlevé, superbement écrit, à tel point c'est que je n'ai pas pu sélectionner un seul passage à citer. Néanmoins, je ne résiste pas au plaisir de vous allécher avec les premières phrases, le début du malheureux -pour Valentin- enchaînement d’événements : 

"Un chien lève la patte, pisse contre un réverbère, puis repart en trottinant. Il croise une fillette qui tient fièrement la tige métallique d'un ballon de baudruche sur lequel se détachent, en bleu sur jaune, deux "M" entremêlés. La marque des Magasins Modernes. Elle tressaute, leste, comme allégée par l'hélium du ballon. Ses longs cheveux bruns, retenus par une barrette d'écaille, cascadent sur un court manteau aussi jaune que le ballon. Sa deuxième main est prise dans celle de sa mère, sa mère qui presse le pas jusqu'à l'abribus du 73. Là, une masse indistincte de baskets, de boots, de ballerines piétine, à quelques centimètres du caniveau où une eau limoneuse fait flaque et file dans la bouche d'égout." (p.9).

 

rentrée 2013

dialogues croisés

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E
que de tentations en cette rentrée, je note ce titre dans un coin!
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Y
<br /> <br /> qui se lit assez vite, car court<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Tu ne connaissais pas le mot ramponneau ? Nous l'utilisions toujours enfants, je pensais que c'était un mot régional, mais non, issu du Sieur Ramponneau !!<br /> OK, j'étale ma science, mais c'est un mot qui me plaît.<br /> Je note, une fois de plus, ce livre, tu me tentes trop souvent à mon goût
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Y
<br /> <br /> Ben nous enfants, nous parlions plutôt de castagne et de gnons (pour rester dans le correct), ramponneau n'était pas variment dans notre vocabulaire, mais bon, j'ai grandi dans une cité HLM de la<br /> périphérie nantaise...<br /> <br /> <br /> <br />
G
Ta façon d'en parler est plus qu'alléchante...
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Y
<br /> <br /> Je sais parler aux femmes ;)<br /> <br /> <br /> <br />
A
Un écrivain qui s'améliore et qui manie bien les mots, ça ne se refuse pas. Noté.
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Y
<br /> <br /> Qui s'améliore, je ne sais pas, mais qui me touche avec ce livre, oui<br /> <br /> <br /> <br />
K
Après avoir lu des pavés, on aime parfois lire de bons petits textes courts. Je comprends ce sentiment.
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Y
<br /> <br /> Même lorsque je n'ai pas lu de pavé, j'aime les textes courts...<br /> <br /> <br /> <br />
D
Bonjour Yv, comme Keisha, je ne connais pas du tout l'écrivain mais je note car j'aime les livres qui ont du style et en plus 125 pages... Bonne journée.
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Y
<br /> <br /> Un plaisir de lecture aussi court, ça ne se refuse pas.<br /> <br /> <br /> <br />
K
Connais pas l'auteur, mais Les éditions de minuit font de bons choix, donc...
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Y
<br /> <br /> Mon second de l'auteur et pour l'instant nettement meilleur que l'autre<br /> <br /> <br /> <br />