La formule préférée du professeur
La formule préférée du professeur, Yoko Ogawa, Actes sud, 2005 (traduit par Rose-Marie Makino-Fayolle)
Une jeune aide-ménagère est embauchée chez un professeur, chercheur en mathématiques, victime d'un accident dix-sept ans plus tôt qui lui a chamboulé la mémoire. Ses souvenirs s'arrêtent à 1975 et l'autonomie de sa mémoire ne dépasse pas 80 minutes. Petit à petit l'aide-ménagère parvient à créer du lien, le professeur lui demandant même d'amener son fils de 10 ans le soir après l'école. Une relation naît entre le vieil homme et l'enfant.
Voilà une situation assez originale pour attirer mon regard et le choisir dans la liste pour le club de lecture de la BM. Roman qui débute très bien, la rencontre entre la jeune femme et le vieux professeur est bien rendue. Elle, ne sachant pas encore comment faire avec cet homme qui ne la reconnaît pas d'une fois sur l'autre, et lui, posant toujours les mêmes questions de bienvenue, notamment celle-ci : "Quelle pointure faites-vous ?" (p.16). Pour lui, tout tourne autour des chiffres, sa vie et celles des autres. Il passe son temps à tenter de résoudre des problèmes de mathématiques sans se leurrer quant à leur utilité :
"Résoudre un problème dont la solution existe obligatoirement, c'est un peu comme faire avec un guide une randonnée en montagne vers un sommet que l'on voit. La vérité ultime des mathématiques se dissimule discrètement à l'insu de tous au bout d'un chemin qui n'en est pas un. En plus, il n'est pas sûr que cet endroit soit un sommet. Ce peut être une gorge entre deux falaises abruptes ou un fond de vallée." (p.53/54)
Yoka Ogawa réussit sur le début de son roman à rendre les mathématiques intéressantes voire poétiques. Et puis Root, le jeune garçon entre dans la maison du professeur et elles deviennent un moyen d'éducation, un but dans la vie (assez ténu au départ). La relation entre ces trois personnes si elle n'a rien de très original, est bien campée. On en voit bien l'évolution, les liens qui se tissent irrémédiablement.
Néanmoins, et malgré ses énormes qualité, je dois bien dire que je reste un peu dubitatif ou perplexe. Le contexte après m'avoir charmé au début m'a déplu. Je n'ai rien contre les mathématiques (rien pour non plus !), mais elle prennent beaucoup de place. J'aurais pu passer outre ce contexte chiffré si un autre thème encore plus rébarbatif n'était venu s'y ajouter : le base-ball. Une addition (j'en suis resté à cette opération, c'est dire mon niveau) mathématiques + base-ball = ennui profond. Et là, je reste sobre et bien élevé, car sur mon petit papier glissé dans chacun des livres que je lis, pour y noter les pages qui me plaisent (ou non), j'ai marqué : "Ça me fait ch... !" Un cri du cœur (c'est une image, je ne pouvais pas élégamment écrire "Un cri du colon !").
Décidément, la littérature asiatique, c'est pas mon truc. Vivement le prochain thème.
D'autres avis, tout plein tout plein et quasiment tous louangeurs voire dithyrambiques : Babelio.