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Découvrez Mykonos hors saison

Publié le par Yv

Découvrez Mykonos hors saison, Richard Gaitet, Ed. Intervalles, 2014....,

Deux amis, Thomas et le narrateur se retrouvent en vacances à Mykonos. Quatre cent mille visiteurs l'été, à peine dix mille hors saison. Nous sommes en mars, les fêtes sont finies ou pas encore commencées. Les deux amis trouveront-ils matière à faire la fête, à draguer et plus si affinités, à profiter de la légendaire réputation d'éden touristique de l'île grecque ? 

Le moins que je puisse dire c'est que ce court roman m'a étonné, m'a totalement pris en défaut sur mes a priori. Richard Gaitet ne m'est pas inconnu, puisque j'avais lu et beaucoup aimé son premier roman paru sous le pseudonyme de Gabriel Robinson, Les heures pâles. Ce roman était celui d'un fils qui cherchait à comprendre son père qui avouait une double vie, un père inconnu. Je ne sais pas -et peu m'importe- ce qui est de la fiction ou de la réalité dans ce roman ou dans Découvrez Mykonos hors saison, mais on pourrait dire qu'ils sont deux facettes de l'auteur. L'un les heures sombres et l'autre les heures solaires (merci Richard, je me permets de réutiliser votre dédicace). On pourrait croire à une certaine vanité -dans le sens de futilité- de ce genre d'histoire, deux mecs en goguette dans un lieu touristique fêtard, mais l'auteur évite le cliché et la vacuité du propos. Car son roman est barré. Joyeux et barré. Les deux garçons peinent à trouver de quoi se distraire, boivent, pissent sur le mur d'une chapelle qu'ils ne remarquent qu'à peine vu leur état d'ébriété, font des rencontres avec les vrais habitants de l'île, en cela ils repartiront -s'ils y parviennent- plus riches de connaissances des autochtones et d'autrui en général. J'ai eu parfois quelques soucis avec la bonne compréhension du texte (mais y a-t-il une seule lecture ?- me demandant si j'étais dans la réalité du narrateur, dans un rêve ou un cauchemar, dans un delirium tremens, mais peu importe, il m'a suffi de me laisser porter par les mots, les belles et longues phrases de R. Gaitet, les jeux de mots, parfois faciles mais inévitables : "Sur ces entrefaites, le vieux Nino rota." (p.46), "Hermès, dieu du commerce, des voyageurs et du carré, avait-il joué de son influence sur la conjoncture internationale afin de nous immobiliser, ce coquin, une nuit de plus -et si oui, pour quelles raisons ?" (p.47) Richard Gaitet aime les mots, il use même de certains un peu tombés en désuétude et c'est fort grand plaisir que de les lire, bien placés dans une phrase :"derechef""pourléché""gironde""houppelande" pour n'en citer que quelques uns. D'un autre côté, il se sert aussi beaucoup d'expressions courantes voire de mots d'argot ou dits grossiers, ce qui donne un style d'écriture très personnel, qui m'a permis de me faire une image des deux touristes ; je les vois comme deux garçons à la recherche d'aventures, mais pas trop téméraires surtout prêts à rire et à profiter sans se soucier du lendemain, plutôt sympathiques, ils surmontent sans se fâcher les aléas de leur voyage, voient toujours le bon côté : "Nouveau shot, c'est déjà le quatrième et la bouteille est encore à moitié pleine" (p.40), alors que bien sûr, s'ils avaient été dans le trente-sixième dessous, la bouteille aurait été à moitié vide. CQFD !

Enlevé, un rien déjanté et farfelu, ce roman est truffé de références à la Grèce ancienne -que je ne connais pas-, preuve de l'érudition de l'auteur qui en joue plus qu'il ne la montre ostensiblement, plein de références musicales (que je maîtrise un peu plus, Frankie Goes to Hollywood ou Donna Summer par exemple), Richard Gaitet est aussi connu outre pour "sa pratique très personnelle du sirtaki" (4ème de couverture) pour son émission Nova Book Box sur radio Nova, l'une de mes deux ou trois radios habituelles et préférées ; je joue de la zapette autoradiomobile entre Nova et Fip.

Livre insolite et surprenant, tout pour plaire.

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D
Il est sur ma pile des urgences, je devrais n'en faire qu'une bouchée (miam!). Et au vu de ce que tu en dis, je me réjouis.
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Y
<br /> <br /> Une seule bouchée il n'est pas bien gros, plutôt pour les gourmets que pour les gourmands...<br /> <br /> <br /> <br />
A
Le Hermès roi du carré est excellente mais Nino rota...je me suis esclaffée ! Ce qui est plutôt bon signe. J'ai connu la Grèce hors saison et en garde un souvenir ébloui alors pourquoi pas ? Pas<br /> tout de suite mais je note... Et puis c'est un pays qui attire une faune, disons-le, nocturne le plus souvent intéressante à observer...
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Y
<br /> <br /> Je ne connais pas le pays, mais du coup ça me tente<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Les romans barrés où il faut se laisser aller.... J'aime assez, mais bon, je ne vais pas rajouter une couche à ma PAL, je verrait plus tard, mais je le note
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Y
<br /> <br /> Alors, c'est fait pour toi<br /> <br /> <br /> <br />
G
Oh, Yves... ta modestie te tuera! :-D :-D :-D
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Y
<br /> <br /> C'est ce qu'on me dit souvent, mais je ne sais pas pourquoi...<br /> <br /> <br /> <br />
K
Moi j'aurais bien redécouvert Mykonos hors saison (parce que en saison, bof, mieux vaut éviter)(même si les iles grecques n'arrivent pas à être laides)<br /> Encore une fois tu fais des trouvailles...
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Y
<br /> <br /> Perso, je ne suis jamais allé en Grèce, mais je veux bien, hors saison aussi<br /> <br /> <br /> <br />
G
Hermès dieu du carré... Larf, larf! Il faudrait que je fasse lire ça à mon demi-grec de mari pour voir si ça lui parle...
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Y
<br /> <br /> C'est peut-être bête, mais placé au détour d'une phrase, ça m'a fait rire, c'est l'essentiel. Ton mari est donc un demi-dieu... Quel homme ! Mais avec des efforts, il pourrait devenir un dieu<br /> entier, chez moi ça s'est fait naturellement, j'ai dû naître comme ça <br /> <br /> <br /> <br />