Le colonel désaccordé
Le colonel désaccordé, Olivier Bleys, Gallimard, 2009
1807, le roi du Portugal s'exile au Brésil, une lointaine colonie, fuyant la déroute prévisible des armées de son pays contre celles de Napoléon. Il emporte avec lui quantité d'objets, dont des clavecins et piano-forte. Le capitaine Eduardo Rymar, vaillant officier de l'armée portugaise est du voyage comme convoyeur de ces appareils à musique. Lui, qui n'entend rien à la musique vit cela comme un outrage. Son installation au Brésil ne se fera pas sans mal, ni son adaptation. Ce roman est donc le périple de ce glorieux capitaine et son rapport à la musique, omniprésente.
Quel beau roman ! Dépaysement garanti : le Brésil aux moments de son indépendance, Rio de Janeiro, ses rues mal famées, la sensualité se dégageant de ses habitants, la jungle amazonienne. J'ai dégusté lentement les pages refusant de quitter Eduardo Rymar et sa famille. Je regrette d'ailleurs d'avoir eu à les laisser, une fois la dernière page tournée.
Pour être franc, il ne se passe pas de grandes choses dans le roman, mais plein de petits événements qui le rendent passionnant et qui forgent des personnages attachants, émouvants, parfois désagréables, mysogines et racistes, mais rien de "scandaleux" si l'on se réfère à l'époque. Toujours très humains.
Olivier Bleys fait preuve d'une écriture particulièrement agréable, maîtrisée, et limpide. Il paraît bien documenté -je dis "il paraît" parce que moi, le Brésil du début 19ème siècle, je n'en connais rien. J'ai donc appris plein de choses sur le Brésil : la période de son indépendance, qu'il avait été un royaume, la révolte des esclaves demandant leur élargissement, ... Instructif, très bien écrit, beaux paysages et personnages de belles stature ; autant de raisons pour ouvrir très vite ce livre.