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La petite lumière

Publié le par Yv

La petite lumière, Antonio Moresco, Verdier, 2014 (traduit par Laurent Lombard)

Un homme qui vit seul dans un village abandonné et dont la principale occupation est de se ravitailler dans un village proche et de se balader dans les environs, traversant d'autres hameaux vides, aux maisons de pierre qui s'écroulent lentement, voir un soir, au travers des arbres, dans le lointain, une petite lumière. Cette petite lumière s'allume chaque soir. Intrigué, il se renseigne, mais personne parmi les rares villageois avoisinants ne la voit ni ne sait d'où elle peut venir. L'homme part en quête de la lumière et trouve un enfant qui vit seul dans une maison isolée.

Amis lecteurs qui n’aimez que le bruit et la fureur, fuyez ou bien, prenez le temps de vous poser dans ces instants de grâce, de silence, de lenteur et de beauté. Amis contemplatifs, soyez les bienvenus dans ce texte superbe qui voyage entre réalité et onirisme, qui nous fait parcourir les sentiers, les hameaux vidés de toute présence humaine, qui nous fait dialoguer avec les hirondelles et les voir virevolter devant nous tant les description d'Antonio Moresco sont belles, fines et réalistes.

Ah la la que c'est beau : "Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant. Le soleil vient tout juste de s'effacer derrière la ligne de crête. La lumière s'éteint. En ce moment, je suis assis à quelques mètres de ma petite maison, face à un abrupt végétal. Je regarde le monde sur le point d'être englouti par l'obscurité. Mon corps est immobile sur une chaise en fer dont les pieds s'enfoncent de plus en plus dans le sol, et pourtant de temps en temps, j'ai le souffle coupé, comme si je chutais assis sur une balançoire aux cordes fixées en quelque endroit infiniment lointain de l'univers." (p.9) C'est ainsi que débute ce roman et il est intéressant de relire ces quelques phrases après l'avoir fini, car elles prennent un sens différent, plus symbolique.

Je découvre Antonio Moresco avec ce titre écrit entre deux romans pus conséquents -c'est lui-même qui l'écrit à son éditeur- et je tombe immédiatement sous le charme de l'écriture fine, élégante qui décrit admirablement la nature, l'environnement, le temps passé à contempler. Il va à l'encontre du monde actuel, toujours plus rapide, plus éphémère, où une information à peine révélée est supplantée par une autre parfois aussi insignifiante. Antonio Moresco prend son temps et nous rappelle qu'il est important d'en faire autant de vivre réellement sa vie plutôt que de courir derrière des chimères, des possessions.

C'est beau, poétique, d'une grande justesse; "inoubliable dès la première phrase" écrit Daniel Pennac dans un bandeau sur la version poche. Pas mieux !

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Z
Oui, c'est beau. Le style de l'auteur m'a happé, idem pour les incendiés et Fable d'amour
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Y
Merci, j'irai fureter du côté de ces titres
P
Oh oui, j'avais lu ce roman il y a des années, eh bien à sa parution, et j'en garde un très bon souvenir, je suis contente que tu l'aies lu et apprécié ; bon weekend !
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Y
Oui c'est un très bon livre qui doit rester dans la tête, j'imagine
A
Beaucoup aimé ce petit livre également. Les romans plus conséquents de cet auteur ne m'ont jamais attiré.
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Y
je ne connais pas du tout ses autres romans
L
J’ai adoré ce petit livre. Il fait du bien.
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Y
Oui c'est exactement cela