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En haut de l'affiche

Publié le par Yv

En haut de l'affiche, Fabrice Châtelain, Intervalles, 2020

Vincent, la trentaine juste entamée débute une carrière de vendeur de produits ménagers sous houlette d'un commercial graveleux, Joseph Paillard. Vincent, lui, se rêve scénariste, il a d'ailleurs écrit une histoire qu'il espère voir tourner un jour. Pour séduire la jolie Noémie, il n'ose pas dire qu'il est commercial-stagiaire, et se vend comme bien introduit dans le milieu artistique. Son mensonge, d’abord léger, gonfle après un vernissage.

Premier roman de Fabrice Châtelain qui n'est pas tendre avec les milieux intellectuels, artistiques et cinématographiques. Les ego sont boursouflés au-delà du raisonnable, les ambitions démesurées et certains prêts à toutes les compromissions, les mangers de chapeau, les renonciations voire les tournages de vestes si nombreux qu'on ne sait plus où est l'envers et où est l'endroit tant ils sont usés tous deux, pour avoir leur nom en haut de l'affiche. Vincent, jeune homme peu charismatique, "un type un peu inconsistant et mollasson dont les seules qualités se résumaient à son art de parler de certains livres et de certains films" est plongé dans un monde qu'il ne connaît pas et va de désillusions en déceptions.

Fabrice Châtelain est malicieux et cinglant. Ses portraits sont savoureux, on s'y croirait. On imagine assez bien certains de ses personnages, on les visualise. Et comme il cite, de temps en temps, de vraies personnes, on y croit encore davantage. A part un passage un peu longuet -une petite vingtaine de pages-, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette comédie. Le chapitre 7, dans lequel l'auteur s'essaye à inventer -ou parodier- des commentaires sur les réseaux sociaux suite à une performance d'artiste au goût douteux, est d'une justesse et d'une bêtise incroyables. L'anonymat de ces moyens de communication permet aux plus crétins de faire preuve de toutes leurs potentialités et l'on est rarement déçu. Il montre également comment certains commentaires font d'un fait anodin un événement sur lequel vont s'écharper partisans et opposants, à coup d'invectives, d'injures, de mauvaise foi, de transformation ou d'invention d'informations, chacun réagissant à chaud sans réfléchir, comme si l'on se devait d'avoir une opinion sur tout.

Un premier roman réjouissant en ces temps moroses, qui fait sourire et même rire aux dépends des gens connus ou qui se voient comme tels et qui pour certains n'auront que le warohlien quart d'heure de célébrité, pas toujours grâce à leur talent.

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L
je suppose que tu veux dire "mangeurs de chapeaux" non?<br /> ce billet donne envie de se plonger dans la bêtise de notre époque!
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Y
Non, je veux bien dire les mangers de chapeaux, les mangeurs de chapeaux font des mangers de chapeaux, même si c'est syntaxiquement ou grammaticalement discutable... Pour le reste, c'est un roman à découvrir comme souvent chez Intervalles.