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Le dernier amour du lieutenant Petrescu

Publié le par Yv

Le dernier amour du lieutenant Petrescu, Vladimir Lortchenkov, Ed. Agullo, 2016 (traduit par Raphaëlle Pache).....

La Moldavie, ce petit pays totalement méconnu, indépendant depuis 1991 est en plein bouleversement. Le SIS, le KGB local, dirigé par Constantin Tanase est persuadé qu'Oussama ben Laden se cache à Chisinau, la capitale. Il coupe les légumes dans le kiosque qui vend des chawarmas. Tanase apprend qu'un lieutenant de la police serait en cheville avec la section terroriste locale, le lieutenant Petrescu. Lorsque le chef du SIS apprend qu'en plus, le jeune lieutenant a pour maîtresse Natalya, la jeune femme qui vient de le laisser tomber, il monte une opération abracadabrantesque pour tenter de se défaire de l'un et de retrouver l'autre.

Si vous ne connaissez pas encore Vladimir Lortchenkov, c'est un tort, vous n'êtes pas encore tombés sous le charme totalement déjanté de Des mille et une façons de quitter la Moldavie. Déjanté de nouveau, totalement décalé, fou, barré, barjot, cinglé, ce roman est l'œuvre d'un mec qui ne peut être lui-même que totalement dévasté. Je n'aimerais pas être dans sa tête... encore que si, à l'occasion, ça doit être un grand moment de délire...

Mais revenons à ce roman qui part dans tous les sens pour le plus grand bonheur des lecteurs. Il faut dire que les services secrets moldaves sont mal partis avec une telle bande de bras cassés. Ils ne sont pas formés, ont, pour les plus anciens les réflexes du KGB. Ils sont sous-payés, alcooliques, fainéants et lorgnent avec envie sur la place de leur supérieur hiérarchique qui, s'il disparaissait inopinément, la leur laisserait. Tout n'est que complot et complot dans le complot, bidouillages, rapports bidons, implications d'autrui si elle sert son propre avancement, ... Seul Petrescu, flic, pas espion, paraît honnête et travailleur.

Le ton du bouquin est à l'humour, l'ironie, la moquerie, la raillerie. C'est très drôle, j'ai ri souvent, Vladimir Lortchenkov ne reculant devant rien pour un bon mot, une blague. Dans le même temps, il assène quelque vacherie, toujours avec légèreté :

"Mais si tu as besoin de justice, va faire ton stage au comité des Droits de l'homme.

- Il y en a un chez nous ?

- Naturellement. Les Américains en ont ouvert un, il y a deux ans.Et juste après, ils ont fermé le bureau de la CIA en Moldavie.

- Comment ça se fait ?

- Ben, pourquoi ils auraient gardé deux organisations identiques dans un même pays ?" (p.126/127)

La farce est grosse et c'est cette grosseur qui la rend irrésistible. Vladimir Lortchenkov est en train, livre après livre, de dresser un portrait peu flatteur de son pays, mais finalement assez sympathique, on a plus l'impression d'être en Syldavie que dans un pays réel. Moi, franchement, si tous les Moldaves sont comme les décrit le romancier, je veux bien aller y faire un tour.

Question, objet, le livre est de qualité de la couverture à l'intérieur, ainsi les toutes jeunes éditions Agullo m'ont déjà habitué. La traduction n'a pas dû être aisée, mais je soupçonne Raphaëlle Pache d'avoir pas mal ri dans son travail, certains livres semblent plus agréables à traduire que d'autres.

Excellent, excellent...

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S
Pas encore découvert, non, mais vu qu'il est le seul auteur moldave sur ma liste "Lire le monde", son tour viendra...
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Y
c'est vrai que la Moldavie n'est pas connue pour sa littérature... en fait n'est pas connue du tout
Z
je garde un si bon souvenir des mille et une façons de quitter la Moldavie que je lirai bien celui-ci !!
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Y
je te le conseille
A
Une lecture qui part dans tous les sens ? J'ai plutôt tendance à fuir.
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Y
oui, mais là, c'est pour notre bien...
A
Je n'ai pas lu le premier, je devrais peut-être commencer par lui.
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Y
ils sont indépendants, commence parce celui que tu trouves
K
Hé oui, je veux bien retourner en moldavie, le précédent m'avait bien plu!
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Y
Différent, mais excellent itou