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Une lame si douce

Publié le par Yv

Une lame si douce, Jochen Jung, Métailié, 2014 (traduit par Françoise Toraille)..,

Ute, à la veille de ses cinquante ans, accompagne sa fille Ruth à l'hôpital où elle doit faire une mammographie suite à la découverte d'une grosseur. Comme souvent les deux femmes se disputent et Ute décide d'attendre Ruth dans la voiture. C'est alors qu'un homme s'approche de la voiture et en voulant lui parler, Ute se coince la main dans la portière. L'homme l'accompagne aux urgences se faire soigner. Ute n'est pas insensible à cet inconnu et l'invite le lendemain à sa soirée d'anniversaire à laquelle sont aussi invités Peter l'homme qui partage sa vie en ce moment et Ruth sa fille. 

Voilà un court roman qui me laisse dubitatif. Le fait de parler d'une femme de cinquante ans qui vit librement son célibat (Peter est son amant du moment, mais ils ne vivent pas ensemble) et sa vie sexuelle est plutôt original, elles ne sont pas légion en littérature ou cinéma contrairement aux femmes plus jeunes. Souvent, il faut bien le dire, c'est l'homme qui se pose des questions à cet âge-là dans les romans où les films. De ce point de vue, le roman est réussi et le choix de la narratrice bon. L'histoire est crédible, réaliste, chacun de nous pourrait croiser l'un des personnages ou tous au coin de la rue sans vraiment y faire attention. Ute, Ruth ou les hommes qui les accompagnent le temps de ces 117 pages pourraient même être des personnes de notre entourage, des voisin(e)s, des ami(e)s, des connaissances, ... Ce roman pourrait se sous-titrer "Quarante-huit heures de la vie d'une femme". Pendant ce laps de temps, Ute va se poser un tas de questions, sur sa relation avec sa fille, sur son attachement à Peter, sur sa relation naissante avec cet inconnu : lequel des deux choisir ? Et d'ailleurs est-il obligatoire de choisir ? La solution, si tant est qu'il y en ait une viendra sans doute lors de ce dîner d'anniversaire, lorsque tous dégustent des huîtres et boivent beaucoup. 

Ce qui me laisse hésitant, dubitatif (le mot de ralliement des éjaculateurs précoces précisait Pierre Desproges) comme je disais plus haut, c'est la manière de raconter cette histoire. Les phrases sont longues, parfois tortueuses, "à rallonge" qui ralentissent le rythme déjà pas trépidant (mais le genre ne supporterait pas non plus une histoire à deux cents à l'heure) et gâchent un peu le plaisir. Malgré sa petite taille, le roman souffre de répétitions, de redondances, mais peut-être est-ce pour mieux coller aux interrogations de Ute qui reviennent sans cesse, qui ne la quittent pas de ces deux journées ? 

Néanmoins, on sent que l'auteur a de la tendresse pour cette femme et pour ceux qui l'entourent. Pour Ruth qui vit ces jours avec l'angoisse d'une mauvaise nouvelle suite à sa mammographie. Pour Peter qui sent bien que Ute qu'il aime peut lui échapper. Pour l'inconnu (qui en fait se prénomme Achim), veuf depuis peu. J'avoue avoir eu un peu de mal à m'attacher à eux, à compatir, je n'ai pas passé un mauvais moment, non, loin de là, mais ce roman ne restera pas comme l'un de ceux qui m'ont marqué. Il débute ainsi :

""Mais l'amour, qu'en sais-tu vraiment ?" avait rétorqué sa fille, voix haut perchée se brisant par instants, faisant de ses doigts agiles passer par deux fois l'élastique autour de sa queue de cheval blonde. Juste après, debout dans la clarté, près de la fenêtre de la cuisine, elle avait repris sa tasse, l'air absent, renversant quelques gouttes de café récupérées par la soucoupe qu’elle tenait en équilibre sur sa main gauche." (p.11)

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A
Ton billet, et le début, ne me donnent pas envie de le lire.
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Y
<br /> <br /> ce n'est pas vraiment un coup de coeur...<br /> <br /> <br /> <br />
G
Moi j'aime pô les phrases à raaaalllllloooonnnnge !
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Y
<br /> <br /> Moi j'aime bien lorsqu'elles font sens et qu'elles ne partent pas en mille chemins divers et perdent le lecteur<br /> <br /> <br /> <br />
C
Pas tentée...
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Y
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
N
J'avoue que je suis moi aussi assez dubitative...
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Y
<br /> <br /> c'est comme dubitatif, ça marche aussi<br /> <br /> <br /> <br />
S
Déjà pas du tout tentée par l'incipit! Et il donne souvent le "la" d'un roman...
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Y
<br /> <br /> Et pourtant, c'est ce qui m'a donné envie de le lire...<br /> <br /> <br /> <br />
D
Bonjour Yv, donc je passe et en plus, je n'aime pas les huîtres... Bonne journée.
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Y
<br /> <br /> Moi si, pas une douzaine, mais de temps en temps, j'avoue que je me laisse tenter<br /> <br /> <br /> <br />
C
Malgré tout, je suis assez tentée, je note !:)
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Y
<br /> <br /> ça reste un bouquin plutôt pas mal quand même<br /> <br /> <br /> <br />
K
Tu fais bien de donner un passage, en effet, c'est lent. Mais le thème est original, semble-t-il.
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Y
<br /> <br /> Oui, c'est vrai, une tranche de la vie de cette femme qui passe un cap pas facile, pleine d'interrogations<br /> <br /> <br /> <br />