Un cruel hiver
Un cruel hiver, Kate Sedley, Ed. 10/18, 2000
Hiver 1476, Roger le colporteur part sur les routes anglaises pour vendre sa marchandise et tenter de gagner quelqu'argent pour faire vivre sa fille, encore bébé, et sa belle-mère -il est tout jeune veuf. Ses pas l'amènent chez un ermite, Ulnoth, puis au manoir de Sir Hugh Cederwell. C'est en arrivant en compagnie de frère Siméon, un moine prêcheur aux lourds relents d'inquisiteur qu'il a rencontré en route, qu'il découvre le cadavre de la Maîtresse des lieux, la jeune femme de Sir Hugh, Jeanette. Une tempête de neige bloque tout le monde dans ce manoir dans lequel le nombre de morts augmente. Le temps pour Roger de mener son enquête.
Roman policier médiéval : disons le tout de suite, je ne suis pas assez calé dans cette époque pour repérer d'éventuels anachronismes. D'ailleurs est-ce bien important ? On lit ce roman policier pour le plaisir suivre une enquête lente -à l'époque on allait à pieds !- et dépourvue de tous nos moyens actuels : point d'ADN, de recherches d'empreintes, de téléphones portables. C'est reposant. Pour nous. Un peu moins pour Roger qui doit se coltiner les kilomètres à pieds, dans la neige et sur le verglas. Je disais que l'enquête était lente parce que Roger fait partie d'une part des gens extérieurs au manoir et d'autre part, il est d'une condition sociale qui lui offre à peine plus que celle des domestiques : il est donc difficile pour lui de glaner informations, détails ou révélations. Ces caractéristiques confèrent au personnage une personnalité forte, capable d'imposer sa vision des événements malgré son rang. En même temps, il sait y rester à son rang et n'envisage jamais de "monter" ou de manquer de respect à des seigneurs. Il est croyant -à l'époque, l'Eglise est toute puissante et impose son autorité un peu partout en Europe-, mais se pose en son for intérieur des questions sur les pratiques de l'Eglise, questions qu'il n'est pas bon de mettre au grand jour, surtout devant frère Siméon.
Il existe d'autres auteurs qui écrivent des policiers sur cette période, Ellis Peters, par exemple avec son héros, frère Cafdaël. Le lien est évidemment facile à faire. On peut aussi le faire avec un livre moins connu, de Pierre Silvain, Julien Letrouvé colporteur, qui raconte la vie d'un colporteur, mais qui n'est pas un policier.
Ce livre est le cinq ou sixième impliquant Roger le colporteur : je me laisserais bien tenter par les premiers, histoire de voir comment il a commencé, et par les derniers, histoire de voir ce qu'il devient.