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Trottoirs du crépuscule

Publié le par Yv

Trottoirs du crépuscule, Karen Campbell, Fayard, 2013 (traduit par Stéphane Carn et Catherine Cheval)

Anna Cameron, jeune femme flic, prend la direction d'une nouvelle unité, une brigade d'intervention rapide sur le Drag, le quartier des prostituées de Glasgow. Mal acceptée par ses collègues qu'elle dirige, elle doit s'imposer, mener l'enquête sur les filles qui se font agresser en dépit des effectifs réduits, de la mauvaise volonté de son équipe et de sa vie amoureuse tourmentée, maîtresse d'un flic bien placé et ex-petite amie d'un de ses subordonnés aujourd'hui marié et père de famille.

Excellent roman policier atypique. Atypique parce qu'il ne se focalise pas sur une seule personne ni sur une seule enquête. C'est la vie quotidienne de l'unité d'intervention dirigée par Anna, la Flexi et la vie quotidienne des gens qui y travaillent. Le fil rouge est bien sûr les agressions envers les prostituées, l'intrigue qui file tout au long du livre et qui prend une grande partie du temps des intervenants. Mais il y a aussi la rencontre d'Anna avec Ezra, un vieil homme attachant qui se fera tuer et dépouiller, une manifestation d'orangistes (Irlandais protestants) en plein cœur de Glasgow.  Néanmoins, la part belle est faite aux relations entre les personnages :  l'ambiguïté entre Anna et Jamie, son ex-petit ami, l'animosité entre Anna et Jenny, la policière sous ses ordres, réticente à toute remarque venant d'elle, ...

Karen Campbell s'intéresse à tous ses personnages, même les seconds rôles, comme Billy Wong, le jeune flic d'origine asiatique, dont on aimerait bien qu'il intègre son équipe. Elle développe plus les caractères d'Anna, de Jamie et de Cath, sa femme et de quelques autres. On  sait presque tout de la pauvreté sentimentale d'Anna, du couple de Jamie et Cath qui part en vrille après la naissance de leur fille et des interactions du travail sur la vie privée et inversement. Elle ne tente pas de nous rendre tel ou tel sympathique, elle n'omet pas ses défauts, comme la tendance à l'emportement d'Anna ou son égoïsme, ou la déprime de Cath, son laisser-aller, ...

On est à la fois en plein cœur du commissariat et en plein cœur des vies des flics, et c'est une très bonne nouvelle, ça fait de ce roman plus qu'un roman policier parmi d'autres. Je n'ai rien contre le genre policier, mais il arrive parfois qu'on tombe sur un livre de ce style qui ne laisse place qu'à l'intrigue au mépris des personnages ou d'une certaine réalité. Pourquoi pas, il en faut pour tous les goûts, et si c'est bien fait, je ne dis pas non a priori. Là, on est en plein réalisme, en plein dans les quartiers chauds de Glasgow avec les descriptions des lieux, parfois sordides, des gens qui y vivent dans la misère, des gens qui y travaillent, des camés, des dealers, des prostituées, ... Le langage adopté sonne juste également, entre familiarités, argot, langage un peu plus soutenu pour d'autres scènes, l'auteure joue avec les différents registres. Le fait qu'elle écrive autant sur ses personnages pourrait me faire dire qu'on est dans un polar social, sociétal ou dans un roman plus classique avec une intrigue policière en toile de fond. Un peu comme dans Furioso, un livre que j'avais beaucoup aimé pour les mêmes raisons, ou comme dans certains polars nordiques dans lesquels les personnages ont une vraie importance, presqu'une vraie vie, mais les horreurs des meurtres en moins, car là, Karen Campbell nous évite le serial killer, l'hémoglobine et les descriptions détaillées des victimes. On pourrait résumer son livre ainsi : de l'humain, beaucoup d'humain et une grosse pointe de policier pour lier le tout, ou vice-versa, mais avec toujours beaucoup d'humanité.

Karen Campbell est une ancienne flic qui écrit là son premier roman débutant ainsi une série selon l'éditeur, que je suivrai très très volontiers. Vivement la suite.

Le livre débute comme ceci (mis à part un mini prologue) : "C'était le temps idéal pour ça. Le vent avait retourné le ciel comme un gant et, par là-dessus, une petite averse avait fini de tout nettoyer. La journée s'annonçait belle.

A toi de jouer ! Anna aurait pu voir son sourire se refléter dans ses chaussures qui slalomaient entre les flaques. Quel éclat... Elle était si absorbée qu'elle ne vit rien venir. La fanfare stridente d'un klaxon à l'italienne la força à regagner précipitamment le trottoir. Le conducteur, presque couché dans sa Sinclair C5, secoua la tête et passa en trombe." (p.13)

Serial lecteur a aimé aussi.

 

thrillers

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L
Cela me rappelle Val MCDermid dans le style et les personnages annexes non oubliés en cours de route mais qui disparaissent et ne seront pas du tome suivant.
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Y
<br /> <br /> je ne connais pas mais merci du conseil<br /> <br /> <br /> <br />
A
CA m'a l'air pas mal du tout, le titre l'a attirée !! Je note pour...2015 !!! :D
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Y
<br /> <br /> D'ici là, tu auras même la suite...<br /> <br /> <br /> <br />