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Mémoires d'un appui-tête

Publié le par Yv

Mémoires d'un appui-tête, Marc Jolivet, Ed. de l'Aube, 2014....

Pierre Blistrac est en colère. Il a fait Paris-Marseille en TGV pour aller passer une audition de Premier violon pour l'orchestre philarmonique PACA. Son voyage fut exécrable, la faute au manque d'appui-têtes latéraux dans les trains : il n'a pas pu suffisamment se reposer et a raté son audition. Pierre organise la résistance, et bientôt se retrouvent autour de lui beaucoup de personnes, oubliés de la société. Le combat prend forme. 

Sait-on qu'on est devenu un vieux con lorsque les humoristes du moment ne nous font plus rire ? Personnellement, mes zygomatiques restent au repos assez souvent lorsque j'écoute la palanquée de nouveaux auto-proclamés humoristes qui, en fait, ne font que se refiler des expressions et des bonnes blagues entre eux : il suffit que l'un trouve un bon truc pour que tous foncent dessus : n'a t-on pas dépassé l'overdose sur la petite taille et les talonnettes de l'ancien Président, le manque de voix de sa dame, les rondeurs de notre actuel Président et sa supposée mollesse, ... ? Il me faut toute l'absurdité d'un Ben ou d'un Arnaud Tsamère pour me réconcilier avec la génération actuelle des rigolos, sinon, je tape dans les vieux pots : les excellents Frères Taloche -que je vais voir en fin d'année-, les inégalables François Morel et Stéphane de Groodt -qui, vous l'avez remarqué sont des acteurs-chroniqueurs- et mon chouchou depuis longtemps, que j'ai eu la chance de voir en spectacle, il y a pfff, quelques années, l'auteur de ce livre burlesque, Marc Jolivet !

En lisant cette histoire, on entend la voix de l'auteur qui nous la raconte à l'oreille. A partir d'une mésaventure banale, il construit une mécanique implacable, des enchaînements de faits qui montent crescendo. Un peu comme le livre ou le film La vague, mais en jouant sur l'humour, l'exagération, le burlesque : rappelez-vous que le combat est : "Des appui-têtes latéraux dans tous les trains du monde !" Un point de départ loufoque qui prend forme dans la tête de Pierre, qui attire et devient très vite un joyeux bordel, un amas foutraque d'idées venant des extrêmes droite et gauche, mais aussi de l'écologie et des diverses opinions courantes et/ou plus confidentielles : pour réussir, il faut faire plaisir à tous, promettre et ne pas tenir. Au départ, il s'agit quand même de défendre les plus faibles face aux plus forts qui leur demandent toujours de plus en plus en les payant moins. Marc Jolivet pousse le bouchon et l'on sourit... jaune lorsqu'on repense aux propositions récentes du Medef pour créer des emplois : abolir le SMIC, supprimer des jours fériés, revoir les différentes aides sociales et notamment la sécurité sociale et bien sûr revenir aux 39 heures sans augmenter les salaires... Qui finalement de Marc Jolivet ou des responsables du Medef est le plus excessif ?

J'ai ri. J'ai ri franchement. J'ai ri, plus inquiet. Dans son délire, Pierre marie Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon pour une démonstration politique que ses suiveurs accueillent avec liesse, il met aussi en scène un journaliste, directeur du journal L'express, qui se fait appeler CB -pour info, Christophe Barbier signe la préface de ce livre- et qui demande à Pierre s'il se présentera à l'élection présidentielle : "Vous auriez une chance : vous avez le vent en poupe. Nos dirigeants sont tellement mauvais qu'aujourd'hui, tout le monde a une chance." (p. 148)

Marc Jolivet signe là un roman barré, rocambolesque, critique et méchant, un probable exutoire à sa colère contre le monde politique actuel très en-dessous de nos attentes et des contraintes mondiales. Je parlais récemment politique avec un ami et je faisais référence à un bouquin que j'ai lu il y a longtemps, Le principe de Peter de Laurence J Peter et Raymond Hull que l'on peut résumer très succinctement à cette phrase : "Tout homme tend à s'élever jusqu'à son niveau d'incompétence." Je crains que nos élites politiques y soient parvenues, il ne vient plus rien d'eux ni idées nouvelles ni réelle volonté de bouger et ce n'est pas le retour en politique -plus que prévisible- d'un ex qui changera la donne, il a largement participé à vérifier le fameux principe ci-dessus évoqué.

Sur ce, je vous laisse avec ce dernier avertissement :

"Ami lecteur, devant ces pages, ne te gausse point trop. Cette histoire se déroulera très prochainement. 2016 ? 2017 ? 2018 ? Seras-tu toujours présent ?" (p. 189) 

 

 

 

rentrée 2014

Commenter cet article
Z
Un mec que j'aime bien
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Y
<br /> <br /> on est au moins deux<br /> <br /> <br /> <br />
A
J'espère que tu n'as pas de digicode pour rentrer chez toi.....
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Y
<br /> <br /> Non, et puis je ne rentre jamais saoul chez moi...<br /> <br /> <br /> <br />
L
Sympa Jolivet, mais va savoir pourquoi, j'ai toujours préféré son frangin avec qui il avait commencé en duo.Peut etre parce qu'il a moins fricoté avec des types comme Barbier justement.
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Y
<br /> <br /> C. Barbier est assez insaisissable, il n'est pas parmi les journalistes qui m'agacent. Et M. Jolivet est un écologiste convaincu qui mène ce combat depuis de longues années, je sens chez lui un<br /> certain désapointement, sans doute tous ces points me rapprochent de lui, mais j'aimais bien déjà le monsieur avant.<br /> <br /> <br /> <br />
L
Ton billet a plus l'air d'un réquisitoire sur les politiciens qu'une critique sur un bouquin et ça m'a plu.<br /> Je veux le lire... je vais le lire.<br /> Amitiés<br /> Le Papou
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Y
<br /> <br /> Disons qu'en ce moment et depuis quand même quelques années, nos politiques ne sont pas à la hauteur des enjeux et contribuent plus à nous mettre dedans qu'à nous sortir de la mouise (parce que<br /> je suis poli)<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> <br />