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Le parapluie de Saint Pierre

Publié le par Yv

Le parapluie de Saint Pierre, Kalman Mikszath, Ed. Viviane Hamy, 1994 (réédition 2007)

Kalman Mikszakh est un auteur, journaliste et homme politique hongrois, né en 1847 et mort en 1910. Ce livre est donc paru fin 19ème début 20ème. Traduit en français seulement en 1994, l'auteur est un quasi inconnu chez nous alors qu'il est très populaire en Hongrie, d'après l'éditeur.

"Mais qu'est-ce donc que ce parapluie miraculeux qui sauve une orpheline de la pleurésie, qui réveille un mort, garde un curé de la ruine, un village de l'abandon, un vieux garçon du célibat ? Tout simplement le trésor de Glogova -un village du fin fond de la province hongroise qui semblait quitté de tous et de Dieu même- la relique que saint Pierre a envoyée aux Glogovains pour les sortir du désespoir et les préserver de la misère." (4ème de couverture)

Passé un temps d'adaptation à l'écriture du 19ème -il y a longtemps que je n'ai pas lu de livres de cette époque-, aux noms des personnages et des lieux encore plus imprononçables que ceux des polars nordiques -c'est peu dire !- l'histoire se révèle plaisante, et drôle. A partir d'un fait improbable : un parapluie miraculeux vénéré et déifié par toute une population, l'auteur construit un conte malicieux. Il brosse des portraits des bourgeois, des paysans, des curés, des riches, des pauvres. Certains, les nantis surtout, en prennent pour leur grade, entre opportunisme, attrait pour le gain facile (si possible au détriment des autres), accès aux charges les plus enviables -tiens, tiens, tiens, ça me rappelle quelques personnes dont on parle assidûment en ce moment, entre cigares gratuits, appartement(s) de fonction, salaires à peine mérités pour des travaux même pas utiles, conflits d'intérêts entre mari et femme ; ça ne vous dis rien ?

Bon passons donc sur le côté, malheureusement toujours actuel de la description des dirigeants, pour nous intéresser à l'écriture du livre. Le style est un peu daté certes, mais K. Mikszath use d'une langue facile, directe ; il glisse énormément d'humour, d'ironie dans ses propos ce qui rend cette lecture vraiment très joyeuse. On pourra trouver ça et là quelques saillies un rien misogynes, et quelques autres reprenant des lieux communs sur les juifs (attirés par l'argent, qui réussissent dans le commerce), pas vraiment antisémites mais rien de bien étonnant ou de grave pour l'époque. Un petit extrait qui m'a fait gentiment sourire : "Il s'était déshabillé, couché, mais ne s'endormait pas. Son déshabillage (soyez sans crainte) ne sera pas détaillé, car c'est une opération scandaleuse selon les critères humains. Pourquoi ? Allez savoir ! C'est laid, par conséquent indescriptible. Le déshabillage féminin a de la poésie ; s'il est bien décrit, le lecteur hume le doux parfum enivrant du corps féminin au lieu de l'odeur de l'encre d'imprimerie. Mais le déshabillage d'un homme, pouah ! je n'oserais même pas le mentionner. On peut écrire une ode à une jupe, voire un dithyrambe, en revanche le seul mot de pantalon est "innommable". Pourquoi ? Dieu seul le sait. Quest-ce-que ça prouve ? Que l'homme est moins esthétique que la femme ? Cela ne prouve probablement rien d'autre que le fait que celui qui a inventé le convenable et l'inconvenant était un âne bâté"

Ce conte bénéficie en plus d'un petit brin de suspense et le tour est joué, le lecteur auquel l'auteur s'adresse parfois personnellement est ferré et ne peut plus qu'aller au bout de cette histoire que je recommande à tous.

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E
<br /> Encore un livre dont je n'avais jamais entendu parlé qui semble intéressant, par contre si les noms sont encore plus imprononçables que dans les polars nordiques... j'ai peur ;-)<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> A juste titre, ta peur. Mais bon ce n'est qu'un petit écueil largement surmontable.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> J'ai l'impression que cette collection s'est spécialisée dans les écrivains hongrois; je garde le souvenir d'avoir lu, dans la même, "Le traducteur kleptomane" d'Eszö Kosztolanyi - un recueil de<br /> nouvelles excellent, sous des dessous faussement anodins.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Je ne suis spécialiste ni de cette collection, ni des auteurs hongrois, mais je te crois sur parole. En tous les cas, lecture très intéressante.<br /> <br /> <br /> <br />
Y
<br /> Eh bien, c'est une perle que tu nous proposes là. J'ai beau chercher, je ne crois pas avoir déjà lu de littérature hongroise...<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Si je cherche de mon côté, à part celui-ci, je n'en vois pas d'autre<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Je crains que tu ne m'ai ferré également.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Encore ? Mais tu m'en vois ravi. Que mes billets puissent donner envie, tant mieux !<br /> <br /> <br /> <br />