Le rivage des Syrtes
Le rivage des Syrtes, Julien Gracq, Ed. José Corti, 1951 (322p)
Aldo, jeune homme de bonne famille d'Orsenna décide de quitter la vie facile des jeunes gens de son âge, qui l'ennuie et se fait nommer Observateur (=espion) au sud du pays - dans le pays des Syrtes-, face au Farghestan pays avec lequel Orsenna est en guerre depuis 300 ans. Cette guerre, bien sûr n'existe plus dans les faits, mais aucun document n'ayant été signé, les risques qu'elle reprenne sont toujours présents.
J'avais pris ce livre à la BM, il y a quelques mois et après en avoir lu environ 50 pages, j'avais abandonné devant l'ampleur de la tâche. Circulant un jour dans les allées d'une librairie, j'ai vu un exemplaire de ce livre qui n'attendait que moi. J'ai donc effectué mon emplette, découpé les pages, car dans cette édition, chez Corti, on découpe les pages -un grand plaisir que j'avais déjà éprouvé avec un autre livre de Gracq, Au chateau d'Argol, il y a 20 ans. Je me suis donc lancé dans cette lecture avec appréhension par peur de m'ennuyer ou de ne pas comprendre, et puis, petit à petit, je me suis trouvé happé, fasciné par l'écriture de Julien Gracq. Énormément de descriptions, une histoire qui avance très lentement, des personnages complexes au possible, mais tellement humains et bien décrits !
Alors, certes, l'écriture est exigeante : elle demande de prendre son temps ; on ne lit pas Gracq comme on lit un autre auteur. Quelles phrases ! Longues, sinueuses, tortueuses parfois, toujours compréhensibles si l'on prend le temps de lire et de respecter la ponctuation (comme à l'école, quand on lisait à voix haute).
Que dire d'autre si ce n'est qu'en lisant Gracq, on est dans le monde de la Littérature avec un grand "L" ? Elitiste, sûrement ! Intellectuel, sans doute ! Mais quel texte et encore une fois quelle fascination pour cette écriture maîtrisée, très personnelle et vraiment exceptionnelle !
NB : Julien Gracq obtiendra le Prix Goncourt pour ce roman, qu'il refusera !
NB : Erik Orsenna tient son pseudonyme de la ville d'Orsenna du rivage des Syrtes.