Tiroir central
Tiroir central, Sophie Coiffier, L'attente, 2021
"Comment atteindre le fondamental en partant du dérisoire, d'un fouillis inquiétant et familier ? [...] Les chapitres-dossiers de ce tiroir central exposent des repères qui font signe : découvrir un certain sens au désordre, s'y reconnaître, retrouver un passage, un endroit déjà connu et de là, enfin, tracer son chemin, singulier et multiple." (4ème de couverture)
Recueil de chroniques, de nouvelles ou de courts textes, liés plus ou moins au rangement, au déménagement et à son corollaire l'emménagement.
J'aime beaucoup. Tout. L'idée d'aller fouiller dans les espaces, les endroits dans lesquels on entrepose, on amasse et en ressortir la photo ou le texte qui fait remonter des souvenirs, des sensations, des réflexions : "Tu feuillètes l'album renfermant la collection des images Nestlé de ton grand-père Jean, datant de 1927, avec un brin de nostalgie : la moitié des animaux répertoriés sont en syncope mais Nestlé est toujours debout. C'est même une des plus grosses industries agroalimentaires du monde. Et devine quoi ? Son logo est un nid. What else ?" (p.14). L'écriture parfois poétique, directe, sans fioriture et très belle. Parfois des textes rapides aux phrases courtes, sèches et d'autres qui prennent leur temps au fil de longues phrases, très ponctuées, avec des jeux de répétitions, d'allitérations...
Je ne sais plus qui disait que l'écrivaine n'a pas forcément une vie plus riche qu'un autre, mais qu'elle a le talent de la raconter. Ces textes de Sophie Coiffier en sont l'exemple parfait. Quasiment rien de ce qu'elle raconte n'est extraordinaire, je me suis même remémoré quelques souvenirs personnels très proches. Mais les ressemblances s'arrêtent ici, là où moi, je serais plat et sans saveur, elle sait intéresser et procurer un réel plaisir de lecture. Très beau texte d'une écrivaine que je découvre dans une maison d'édition découverte avec Le syndrome Shéhérazade de Eric Pessan et que je surveille depuis...