Tue ton patron
Tue ton patron, Efix, Jean-Pierre Levaray, Petit à petit, 2012.....
Paul Lafargue est un employé de la gigantesque entreprise FFI. Mais sous d'autres pseudonymes tout aussi marqués que Paul Lafargue (voir l'excellent livre Le droit à la paresse) : Guy Debord ou Marius Jacob, il épie le grand patron pour connaître ses habitudes, son univers. Son but : le tuer. C'est lui qui a licencié Paul et pas mal de ses collègues après vingt-cinq années données à l'usine. C'est lui, qui pour s'enrichir davantage et enrichir davantage les actionnaires décide de qui doit aller pointer au chômage, qui doit foutre sa vie en l'air car se recaser après tant d'années d'usine, ce n'est pas facile. Pelletier-Raillac, le patron, est un requin, d'un mépris sans borne pour les petits. Il doit mourir.
Après les tomes 1 Putain d'usine et 2 Les fantômes du vieux bourg, voici le tome 3, mais tout peut se lire indépendamment. Et je retrouve quelques années après mes lectures des eux premiers numéros, tout ce que j'ai aimé. Un bande dessinée engagée, sociale dans un univers noir. Tout est noir, même les dessins, superbes. Les techniques et manœuvres du grand patronat pour licencier et gagner plus sont bien décrites,. Elles sont connues, mais aucun gouvernant ne fait quoi que ce soit pour les empêcher. Les profits explosent et les licenciements aussi. Je n'irai pas forcément jusqu'à conseiller de tuer son patron, mais l'exaspération, la colère, la désillusions sont telles qu'elles peuvent entraîner de telles pensées. C'est ce que montrent formidablement Efix par ses dessins et JP Levaray par son histoire.
Comme les numéros précédents, c'est une bande dessinée importante et marquante, réaliste et sociale, humaine qui en plus est très belle. Je me suis laissé dire que la maison Petit-à-petit sortait une version intégrale des trois tomes. Pourquoi résister ?