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Au piano

Publié le par Yv

Au piano, Jean Echenoz, Minuit, 2003.....

Max Delmarc est un pianiste classique très connu, ses concerts sont courus, salles pleines et public enchanté. Mais Max est anxieux, pétri de trac et alcoolique. Aussi, son producteur l'a-t-il fait suivre et accompagner par Bernie, qui l'empêche de boire avant les concerts et le pousse littéralement sur la scène de ses concerts. Max ne le sait pas encore, mais il vit ses trois dernières semaines, vingt-deux jours après l'ouverture de ce roman, il mourra violemment.

Rangé dans les rayons de la bibliothèque, un Jean Echenoz que je n'ai pas lu, donc ni une ni deux, aucune hésitation, je le prends et m'en retourne à la maison, le poser sur la table de chevet, puis laisser quelques jours passer avant de l'ouvrir... faire durer les préliminaires, l'attente. Après cette mise en condition, le plaisir n'en sera qu'augmenté pensé-je. En fait, je n'en sais rien, peut-être aurais-je eu la même sensation si je m'étais jeté dès mon arrivée à la maison dans ce roman ? Parce que, comme d'habitude avec les romans de Jean Echenoz, je me suis régalé.

Une première partie sur la vie de pianiste de Max très détaillée, minutieuse et tellement bien écrite. Un personnage dont on sent les failles, les peurs, les angoisses et les manques bien qu'il soit assez pâle subissant plus qu'il ne vit sa vie. Bernie, son aide de vie semble plus dense, plus intéressant. De belles images naissent sous la plume de l'auteur : "Mais qu'est-ce que c'est que ces fleurs, s'énerva-t-il, tu sais bien que je ne supporte pas, bazarde-moi tout ça. Oui oui, dit Bernie qui ramassa prestement les bouquets puis fila surchargé comme un corbillard pendant que Max tombait sur sa chaise, devant une console désormais surmontée d'un miroir au fond duquel, dans l'ombre, Parisy s'épongeait le cou à l'aide d'un Kleenex en boule." (p.18/19)

Une deuxième partie qui commence très bien, traîne un tout petit peu en son mitan puis redémarre et fait la place à une troisième et ultime partie réjouissante. Très équilibré, Au piano est un roman qui se lit le sourire en coin, qui détaille chaque paysage, chaque personnage et chaque situation. Je ne peux m'étendre que sur le vrai bonheur qu'il y a à lire les phrases, les paragraphes de Jean Echenoz, parce que je ne veux rien dire de cette histoire pour en laisser la surprise aux futurs lecteurs qui seraient passés par le blog. Les joies des longues phrases virgulées, dans lesquelles plusieurs idées cohabitent, s'entrechoquent et se mêlent. Il faut aimer. Echenoz, c'est avant tout un style, une exigence littéraire, un beau travail avec la langue. 

D'aucuns pourront dire que les rebondissements n'en sont pas, que les personnages manquent de profondeur, ... Peut-être. Mais lire Echenoz c'est aussi lire ce qu'il n'a pas écrit mais qu'il sous-entend, lire entre ses lignes. Pas toujours évident, c'est la raison pour laquelle il faut prendre son temps et se préparer en retardant de quelques jours la lecture dès lors qu'on l'a entre les mains.

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S
J'avoue que je lis pas beaucoup ce genre d'ouvrage mais j'aimerais bien le découvrir celui ci
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Y
Faites donc, vous ne serez pas déçu<br />
L
J'ai commencé à le lire avec Ravel et depuis je n'ai pas loupé une sortie. En revanche, je n'ai pas encore pratiqué l'archeologie en revenant en arriere de cette premiere rencontre.
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Y
comme je suis assez irrégulier, je n'hésite pas aux retours arrière qui cachent du bon, du très bon même
A
Il y avait longtemps que tu n'avais pas publié un billet sur un roman de cet auteur....
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Y
depuis Envoyée spéciale
V
je suis contente que tu me rappelles le nom de cet auteur, j'avais tellement aimé Envoyée spéciale et Courir que je veux le retrouver!
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Y
Paradoxalement, ce lui que j'ai le moins aimé -mais tout est relatif- c'est celui qui a eu le Goncourt : Je m'en vais. Mais tous les autres m'ont beaucoup plu.
M
C'est un livre que j'ai noté pour le lire et tu as bien fait de ne pas en dévoiler trop...Merci Yv pour cette belle chronique
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Y
un Echenoz quel qu'il soit se note et se lit tranquillement