La neige de saint Pierre
La neige de saint Pierre, Leo Perutz, Zulma, (traduit par Jean-Claude Capèle), 2016 (première édition française, Fayard, 1987).....
1932, Allemagne, Georg Friedrich Amberg est un jeune médecin cloué sur un lit d'hôpital qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Il reconnaît des gens qui s'occupent de lui, mais qu'il pensait avoir d'autres fonctions, notamment dans le village éloigné et isolé de Morwede dans lequel il travaillait. Il tente alors de se souvenir de ce qui l'a amené dans ce lit. A peine arrivé au village, le baron von Malchin lui parle des recherches qu'il finance dans son laboratoire, des recherches encore secrètes menées par Kallisto Tsanaris, dite Bibiche, ex-collègue d'Amberg dont il est secrètement amoureux. La vie du médecin tournera alors autour de ses malades, des recherches du baron et de son amour pour Bibiche.
Je me dois ici de faire une confession : longtemps j'ai dit que je n'aimais pas Leo Perutz, car je n'avais pas réussi à lire Le cavalier suédois. Eh bien me voilà bien puni -et quelle agréable punition- parce que La neige de saint Pierre est un roman captivant que je n'ai pas pu lâcher avant sa toute fin. Écrit en 1933, il distille une ambiance toute particulière qui joue sur le suspense, l'angoisse, la peur et l'opposition réalité/rêve, car on ne sait jamais trop si le héros est dans la réalité ou dans un rêve. Lui-même ne le sait pas.
Le récit est vif et possède le charme de l'écriture du début du vingtième siècle qui donne une sorte d'intemporalité. On ne retrouve que très peu dans l'écriture contemporaine ce style particulier et ce type de roman pourtant si agréable à lire. Beaucoup de références aux romanciers fantastiques du siècle précédant Leo Perutz : Jules Verne, Edgar Allan Poe entre autres (bon, je dis entre autres, parce que je n'en connais pas beaucoup, mais j'ai eu tout au long de ma lecture cette sensation de lire un roman des deux auteurs précités. Peut-être me trompé-je, mais je m'en fiche, c'est moi et moi seul qui ai eu cette sensation et moi et moi seul qui écrit sur ce blog, donc, je dis ce que je veux. Non mais...).
Bon, revenons à cet excellent roman de Leo Perutz, qui fut interdit en Allemagne, en pleine montée du nazisme. Le rater serait vraiment dommage, et Zulma a la bienheureuse idée de le rééditer en poche. J'avais envie de dire pas mal de trucs en plus sur la théorie développée à l'intérieur, mais je vais m'abstenir pour laisser à chacun d'entre vous le plaisir de la découverte (à ce propos, faites-moi confiance et ne lisez pas la quatrième de couverture).
Leo Perutz, en 1938, après l'annexion de l'Autriche s'exila à Tel-Aviv et cessera d'écrire jusqu'en 1953. Il meurt en 1957.
Promis, je ne dirai plus je n'aime pas Leo Perutz !