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Sur l'île, une prison

Publié le par Yv

Sur l'île, une prison, Maurizio Torchio, Denoël, 2016 (traduit par Anaïs Bouteille-Bokobza)..,

Toro est emprisonné après avoir été le gardien pendant sept mois de la fille d'un grand patron, enlevée et séquestrée au fond d'une grotte. Comme il n'était qu'un exécutant il n'a écopé que d'une peine légère, mais dans cette prison, sur une île, il a tué un gardien, se promettant ainsi la perpétuité. Du fond de sa cellule, Tora raconte tout : le rapt qui l'a conduit sur l'île et les conditions de vie, à l'isolement, dans cette prison dure, les relations entre détenus, entre gardiens et détenus, la drogue, la violence...

La première chose qui surprend dans ce texte, c'est le style de l'auteur. Moderne, percutant, haché, violent parfois. Des phrases courtes qui s'enchaînent dans de courts chapitres. Tout pour plaire donc... et pourtant, ça ne me convainc qu'à moitié. J'ai eu du mal à comprendre pourquoi l'auteur passait du "je" au "il" alors que le narrateur est censé n'être qu'une seule personne, Toro. Le procédé m'a décontenancé et m'a perturbé au point de ne plus trop comprendre ma lecture, de me perdre dans les lignes. L'histoire est intéressante, elle aurait été plus puissante, à la manière d'Un prophète de Jacques Audiard si le véhicule pour la transmettre m'avait agréé davantage. C'est dommage. Peut-être également une forme plus condensée, plus courte, plus proche des 150 pages que des 250 du bouquin aurait donné de la force, ainsi les répétitions et les longueurs dues aux réflexions parfois vaines de Toro auraient été évitées. Par contre, les paragraphes qui concernent son gardiennage de la femme enlevée sont intéressants, capables d'une force incroyable, ils ne sombrent que très rarement dans les travers décrits plus hauts. Ce sont ceux qui m'ont touché le plus, ceux dans lesquels Toro se révèle.

Je pense être passé à côté d'un livre qui plaira à d'autres sans doute, je pense aussi que l'auteur est passé à côté d'un bouquin qui aurait pu marquer ses lecteurs beaucoup plus fortement. Malgré tout, si l'envie vous prend, voici les premières lignes :

"On te dit : Oreilles. Tu plies tes oreilles et tu te tournes, d'abord à droite, ensuite à gauche.

Narines. Tu penches la tête en arrière, pour faciliter l'inspection.

Bouche. Tu ouvres la bouche. Les portes du corps s'ouvrent sur commande. Tu ouvres la bouche mais on ne t'alimente pas. On n'ajoute pas : on contrôle que tu n'aies pas.

Soulève la langue. Tu obéis.

Tire la langue. Tu obéis.

Gencives. Tu écartes les lèvres avec tes mains. Tes doigts à la disposition des gardiens" (p.9)

Commenter cet article
L
Je l'ai bien aimé moi ...
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Y
tant mieux, il en faut pour tous les goûts et il est heureux que nous n'ayons pas tous les mêmes
Z
ze vais aussi passer à côté de ce livre, beaucoup d'autres m'attendent !
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Y
ze suis d'accord avec toi Zazy, ze n'insiste pas ;)
A
Le titre était percutant lui aussi.
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Y
oui, comme certains très bons passages du livre
K
L'auteur (ou l'éditeur italien) n'aurait-il pas surfé sur le succès de Plus haut que la mer, de Francesca Melandri ? Ce n'est pas parce qu' j'ai adoré ce roman que je lirai celui-ci... je me fie à ton avis.
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Y
Peut-être, je ne connais pas le livre dont tu parles. En quatrième de couverture il n'en est pas fait mention