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Je n'ai jamais eu de petite robe noire

Publié le par Yv

Je n'ai jamais eu de petite robe noire, Roselyne Madelénat, Hugo & Cie, 2015...

Florence, la cinquantaine juste dépassée est journaliste dans la presse féminine. Toujours entre deux amants, sans vraiment d'histoire sérieuse, elle vit loin de sa famille. Elle a coupé les ponts avec ses parents à peine adulte à cause notamment de la violence et de la bipolarité de son père. Lorsque sa mère meurt, Florence renoue avec lui et tente de tisser un lien qu'elle n'a jamais eu avec cet homme devenu vieux. Elle le visite beaucoup à la maison de retraite et le questionne sur sa vie, elle veut faire la lumière sur ce qu'elle a appris par bribes et fort récemment, un secret de famille bien gardé que seul Georges, son père pourra lui confirmer ou lui infirmer.

Un roman qui débute bien, très bien même. Le premier chapitre est puissant et prometteur : "Accroupie et grelottante, je pisse dans la litière de mon chat. Là où il y a le plus de gravillons pour faire le moins de bruit possible, terrorisée à l'idée que mes parents pourraient se réveiller, entrer dans ma chambre et tomber sur ce spectacle navrant. "Elle est vraiment folle !", cette fois, ils en seraient convaincus." (p.7) La suite oscille entre des chapitres tout aussi forts que ce premier et d'autres moins bons, longs même et certains dont on se demande comment ils ont atterri dans ce bouquin, ce qui donne parfois à l'ensemble une construction artificielle et lui ôte une partie de sa profondeur. Plus quelques références de presse féminine que je n'ai pas, ce qui n'est que gênant parfois mais pas rédhibitoire. Voilà pour mes impressions. Pour résumer c'est un roman qui aurait pu être excellent, fort, puissant et qui est bon voire très bon dans certains passages mais qui ne passe pas la barre du livre pour lequel je m'enflamme et m'enthousiasme.

Florence est un beau personnage, cinquante-deux ans, pas de mari, pas d'enfants, tout cela à cause de son histoire personnelle. Très indépendante, elle se questionne sur sa solitude, multiplie les aventures, a une liaison depuis trois ans avec un homme marié, un écrivain, attire plutôt les hommes plus jeunes qu'elle. On sent qu'après trente ans de brouille familiale, elle aimerait renouer avec les siens : sa mère venant de mourir il lui reste son père et ses deux sœurs nettement plus âgées qu'elle. Il est temps pour elle d'éclaircir les zones sombres de sa famille pour vivre. Elle se heurte bien sûr aux silences et incompréhensions des autres.

Beaucoup de belles pages sur le passage de la cinquantaine, sur l'amour à cet âge, le désir, la séduction. Je trouve intéressant que ce soient des hommes jeunes (trentenaires) qui draguent Florence, dans les romans et les films, ce sont souvent les hommes aux tempes grises qui ont des femmes ou des amantes de trente ans... La relation père-fille telle que la traite Roselyne Madelénat me plaît moins, disons qu'elle ne me paraît pas crédible, je n'y crois pas une seconde, pas assez construite, trop soudaine... Cette soudaineté est peut-être envisageable, mais pour mon caractère un rien solitaire et peu enclin aux retrouvailles et rapprochements aussi rapides, elle est difficile à envisager. Certaines longueurs auraient pu être évitées à certains endroits pour permettre d'étayer un peu ces retrouvailles... Et ce secret de famille qui tarde à se révéler, on sent bien qu'il tourne autour des années de guerre, mais c'est confus et que de tours et détours pour y arriver.

Maladroit parfois, mais toujours sincère, c'est un roman qui gagne à être découvert, une écriture qui va au plus direct. Florence est touchante, agaçante, sympathique, chiante, obstinée et changeante, en plein désarroi, amoureuse, seule, ... tout cela à la fois. Pleine de contradictions, d'envie et de limites. Une femme qui à cinquante-deux ans veut profiter pleinement des nombreuses années qui lui reste. Tout ce qu'elle a vécu jusque là était étouffé par ses peurs, ses angoisses de petite fille. Enfin, elle peut s'ouvrir et se livrer, pour elle,la vie commence à cinquante-deux ans...

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M
Coucou, j’ai acheté ce livre, car j’ai été attiré par la couverture et j’en ai eu pour mon argent (rire). Ce bouquin est à la fois drôle et bouleversant.
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Y
Bonjour,<br /> De belles pages, un livre inégal mais pas mal du tout<br /> A bientôt
N
Pourquoi pas, le portrait de femme a l'air réussi malgré les maladresses...
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Y
Oui, il y a plein de bonnes choses dans ce roman même s'il n'emporte pas mon adhésion totale
E
Si il croise mon chemin, je me laisserai peut-être tenter.
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Y
n'hésite pas ce sera peut-être une bonne surprise
Z
Je n'ai pas non plus de petite robe noire, alors si tu veux, on peut faire un achat groupé ou je t'en couds une si tu n'es pas pressé !
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Y
Je préfère l'artisanat, mais il faudrait que tu puisses prendre mes mesures...
G
Bien que pas totalement emballé, tu parviens quand même à piquer notre curiosité... Tu es fort! Très très fort! ;-)
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Y
Merci, je le savais, mais ça fait du bien de le rappeler ;))
K
Voyons Yves, est-ce sérieux : tu n'as pas une petite robe noire? ^_^<br /> Trêve de plaisanterie : tu ne me convainc pas à 100% mais si je vois ce roman, je tente, après tout il y a du bon dans ce roman... (et les hommes de trente ans en ont peut être marre des femmes de leur âge -pour un court laps de temps, OK et -soyons brutaux- au moins la femme de 50 ans n'insistera pas pour avoir un bébé, horloge biologique et toussa toussa)(mais ensuite chacun retrouve sa case temporelle quand même)
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Y
Si tu le trouves, je te conseille de t'y arrêter un instant. Quant aux hommes de trente ans avec des femmes de 15 ou vingt ans de plus, j'avoue ne pas m'y connaître, mais pourquoi ça ne marcherait pas, l'inverse est bien vrai ?
A
Des questionnements féminins qui ont su te toucher.
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Y
Oui, ça doit être la (grande) part féminine qui est en moi...