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Les nymphes sourient aussi parfois

Publié le par Yv

Les nymphes sourient aussi parfois, Ana Clavel, Christophe Lucquin, 2015 (traduit par Lydia Amokrane)...,

Ada est l'héroïne de ce conte ou de cette fable. Une nymphe qui vit dans un monde mythologique, entourée de faunes, d'archanges, de déesses. Ada s'éveille à la sensualité, à la découverte de son corps et du plaisir qu'elle peut en tirer seule ou avec un partenaire. Chaque expérience la révèle à elle-même et la fait progresser sur la connaissance d'elle-même et des autres.

Roman très perturbant. Non pas que je sois prude et que l'évocation du sexe m'effarouche ou que je souffre d'éreutophobie à la moindre phrase parlant d'onanisme ou de pratiques sexuelles diverses. Non, ce qui est dérangeant, c'est qu'Ada est, au début du roman, une très jeune fille, et qu'elle parle très directement de son rapport de séduction aux hommes. Ça peut mettre mal à l'aise. Bien sûr les enfants ont une sexualité, mais je ne me suis pas senti très bien au début du livre. Un vieux reste sans doute de mon éducation chrétienne dont je ne me suis pas totalement débarrassé. Les thèmes de prédilection d'Ana Clavel sont le corps et le désir, comme j'avais pu le constater avec un roman précédent : Les violettes sont les fleurs du désir. Elle reste donc en plein cœur de ses préoccupations.

Mêmes thèmes, même auteure et même constat pour moi. J'avoue être passé sans doute à côté d'une partie du texte. C'est très beau, on lit de belles pages, les fleurs sont très présentes : les violettes, les orchidées et bien d'autres, le sexe itou. Les odeurs des unes et de l'autre sont également décrites, elles peuvent se rapprocher. Je me suis demandé si j'étais dans un roman ou dans un long poème. Une sorte de fable poétique et érotique. L'écriture est belle, sensuelle, féminine, qui s'attarde sur les sensations d'Ada, ses sentiments, son désir, son souhait de vivre des expériences pour enrichir son corps et son esprit.

Le langage est direct et en même temps très imagé, érotique et pas du tout porno ; Ana Clavel use de mots francs mais les nimbe d'une légère brume pour les rendre plus désirables. J'écrivais un peu plus haut que j'étais sans doute passé à côté de ce conte, mais je dois reconnaître que c'est un texte captivant, envoûtant qui ne m'a pas laissé indifférent -ce qui est une excellente chose quand on parle littérature- et que je n'ai pas pu abandonner avant la fin -ce qui est un bon signe, parce que si le texte ne me plaît pas, je ne me force pas.

A découvrir, ce roman dans sa belle livrée blanche et bleue

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A
Bizarre d'avoir donné au personnage le prénom Ada. Je n'imaginais pas le personnage de Nabokov comme cela.
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Y
Je ne sais pas si dans la littérature sud américaine il a un sens particulier (Ana Clavel est mexicaine)... Ada se rapproche aussi de Ana, qui écrit peut-être là une partie autobiographique... ?