La ville insoumise
La ville insoumise, Jon Fasman, Ed. Seuil, mars 2010
Jim Vilatzer, 32 ans, employé du Delicatessen familial dans la banlieue de Chicago s'ennuie et déprime légèrement lorsqu'il pense à ce qu'il a fait de sa vie. Ce qui ne l'aide pas à voir sa vie sous un bel angle, c'est qu'il doit vingt quatre mille euros à des créanciers, tenanciers d'une salle de jeux, qui ne plaisantent pas avec les dettes. Aussi, lorsqu'on lui fait la proposition d'aller interviewer en Russie (pays d'origine de ses grands-parents, dont il parle la langue) des rescapés du goulag, au profit d'une association de préservation de la mémoire, il saisit la chance de tout quitter sur le champ.
Lorsque Suzanne du site Chez les filles m'a proposé le livre, j'ai accepté bien volontiers. Je la remercie, ainsi que l'éditeur, pour cet envoi. Vendu comme un thriller, ce livre tarde à décoller : les cent premières pages, sans être laborieuses sont un peu longues. L'intrigue est compliquée et je me suis perdu entre les Américains qui veulent récupérer de vieux scientifiques russes, les Russes qui ne veulent pas les laisser quitter le territoire, les escrocs qui les veulent eux aussi, une association pour la sauvegarde de la mémoire, ... Confus, très confus.
Les personnages sont à peine crédibles, notamment la jeune femme timide et coincée qui devient une redoutable espionne, efficace et sans trop de scrupules. Jim est mou, sans véritable envie, si ce n'est celle d'échapper à ses créanciers ; il se laisse porter par les événements.
La question que je me pose est : "pourquoi avoir voulu faire un thriller ? " Pour ce genre de littérature, c'est raté : un bon thriller est haletant quasiment de bout en bout. Ce livre n'est jamais haletant, même si les événements se précipitent à la fin du roman. L'idée d'engranger des témoignages d'anciens du goulag me semble séduisante. Dommage qu'elle ne soit qu'un prétexte !
Cependant, le livre n'est pas ennuyeux non plus. Le voyage et la visite de Moscou sont intéressants. Jon Fasman décrit une ville tenue par des bandes mafieuses, par des escrocs attirés seulement par l'argent, dans laquelle il ne fait pas bon traîner le soir, surtout si l'on est typé (c'est le cas de Jim). Racisme, corruption, flicage sont les maîtres de cette ville. Par ailleurs, il décrit l'architecture de Moscou, ville qui doit être magnifique. Il fait montre d'une grande sympathie pour les Moscovites, et pour les Russes en général qui réussissent à vivre dans un pays gouverné par les plus forts, les plus riches, ... En résumé, si vous passez sur une intrigue alambiquée et inutile, sur des personnages pas crédibles, vous pouvez partir pour un voyage instructif en Russie et à Moscou en particulier.