Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La nuit, in extremis

Publié le par Yv

La nuit, in extremis, Odile Bouhier, Presses de la cité, 2013

Lyon 1921, Anthelme Frachant sort de prison, incarcéré après une mutinerie pendant la guerre. Victor Kolvair est persuadé que cet Anthelme est un assassin, celui qui a tué un ami des tranchées, et qu'il recommencera dès qu'il sera sorti. Il décide de la surveiller, seul. A cette date, Lyon est aussi à la veille de la visite d'un secrétaire d'état et les anarchistes, très présents en cette ville pourraient bien en profiter pour mener une action d'éclat.

Une nouvelle enquête des ancêtres des experts mérite que je bouscule mes priorités de lecture. Certains livres restent longtemps au fond des piles. Celui-ci est commencé à peine dans mes mains. Les deux premiers tomes, Le sang des bistanclaques et De mal à personne étaient tellement bien, que j'aspire très vite à retrouver cette atmosphère si particulière créée par Odile Bouhier, un (gros) brin de modernisme dans l'époque troublée de l'après-guerre. Les 30/40 premières pages resituent les personnages ou permettent à ceux qui ne les connaissent pas encore de savoir qui est qui. Puis l'enquête ou plutôt l'attente de Victor Kolvair démarre. Et je me dois de dire ici que je suis un peu déçu par le début de ce polar. Chaque personnage, que ce soit, Victor Kolvair le commissaire, Bianca Serragio l’aliéniste, Hugo Salacan le scientifique, Jacques Durieux son assistant ou encore Damien Badou le légiste, chacun est dans son coin, mène sa vie, son propre travail indépendamment de ses collègues. Ils ne travaillent pas tous sur la même histoire. H. Salacan et D. Badou sont préoccupés par des histoires personnelles, J. Durieux par les anarchistes, B. Serragio frustrée de ne pas voir V. Kolvair et lui-même empêtré dans ses certitudes et ses vieux démons. L'ensemble est un peu décousu, comme si Odile Bouhier avait écrit plusieurs histoires, une par personnage,  puis, les avait accolées en un seul livre ensuite. Il manque un lien entre toutes.

Puis, l'histoire et la collaboration démarrent enfin lorsque 3 cadavres sont retrouvés mutilés. Et comme dans les épisodes précédents, Odile Bouhier développe son contexte, la toile de fond de son roman. Elle s'intéresse aux avancées de la médecine des années 20. Bianca Serragio est très en avance et prend en compte les nouvelles théories de médecins étrangers sur l’aliénation, les maladies psychiatriques. Elle s'oppose avec vigueur à ceux qui ne veulent pas évoluer, sûrs de leur savoir. Elle parle de schizophrénie, de paranoïa là où ils ne parlent que de simulation et de "jeux d'acteurs". Pendant ce temps, H. Salacan s'intéresse de près aux travaux de chercheurs canadiens sur l'insuline qui soignerait les diabétiques. C'est la recherche médicale qu'elle soit classique ou psychiatrique qui peut relier les différents acteurs de cette histoire. Les traumatismes de la guerre sont également au cœur de ce livre, tant du côté des meurtriers que des enquêteurs. Toute ce contexte, très bien documenté, donne tout l'intérêt à cette troisième enquête de l'équipe.

Malgré mes réserves (mais peut-être est-ce parce que j'ai un peu trop idéalisé l'équipe Kolvair-Salacan ? ), je n'ai pas boudé mon plaisir de replonger dans le Lyon des années 20. Et puis, je n'ai pas tout dit, le procureur Rocher est toujours aussi antipathique, réactionnaire, et l'inspecteur Legone toujours aussi retors et mauvais. Et il en reste encore à découvrir dans ce troisième tome, mais je laisse un peu de suspense...

Les premières phrases : "1er août 1915, Fontenoy

Anesthésié par les coups de soleil qui, toute la journée, avaient boxé la vallée de l'Aisne et aplati le relief calcaire, le 96e régiment d'infanterie établit son campement provisoire dans le secteur ouest, l'ombre y étant plus franche. Un an qu'ils avaient quitté les moissons la bouche en cœur et la fleur au fusil, certains d'être de retour pour les vendanges, pourtant il avait bien fallu se rendre à l'évidence : la guerre prenait ses aises, elle était bien la seule." (p.11)

Une histoire qui a bien plu à Claude Le Nocher

 

région

 

thrillers

Commenter cet article
L
ben oui, mais vois-tu je n'arrive pas à lire tous les livres dont tu parles et qui me tentent ;-) ma vie est assez tragique depuis que je te blogoconnais :D
Répondre
Y
<br /> <br /> Désolé...<br /> <br /> <br /> <br />
L
Auteur inconnue pour moi, je vais regarder ça de plus près...
Répondre
Y
<br /> <br /> Et pourtant, c'est son troisième avec les deux précédents qui ont eu un certain succès (dont j'ai parlé)<br /> <br /> <br /> <br />
K
Je n'ai jamais encore essayé cette série... Je préfère les polars qui m'emmènent loin !
Répondre
Y
<br /> <br /> ça t'emmène loin dans le temps...<br /> <br /> <br /> <br />
A
Est-ce à dire que tu as déjà lu le 3e tome ?
Répondre
Y
<br /> <br /> C'est celui-ci le 3ème !<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Je résiste..... non il ne faut pas, trop de choses en cours.
Répondre
Y
<br /> <br /> Et là, en plus c'est mieux de commencer par le premier...<br /> <br /> <br /> <br />
C
Je confirme avoir apprécié ce roman, mon cher Yv...<br /> La forme narrative est quelque peu "éclatée", mais le puzzle n'en est pas moins réussi.<br /> Amitiés.
Répondre
Y
<br /> <br /> Salut Claude<br /> <br /> <br /> réussi effectivement, mais un peu déroutant par sa forme<br /> <br /> <br /> Yv<br /> <br /> <br /> <br />