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La cassure

Publié le par Yv

La cassure, Martina Cole, Fayard noir, 2011

Grantley, Royaume-Uni, des enfants disparaissent. Certains sont retrouvés dans des endroits improbables, pour d'autre, malheureusement, il est trop tard. La police, et plus particulièrement Kate Burrows enquête sur ces meurtres et ces disparitions qui ont un point en commun : les enfants sont issus de familles instables, mères prostituées, droguées et/ou alcoolisées et pères au mieux absents voire totalement inconnus, même des mères. C'est au cœur de l'aide sociale à l'enfance anglaise que Kate doit travailler. En parallèle, son compagnon, Patrick Kelly, caïd de la ville, est abattu en pleine rue par des malfrats avides de prendre sa place.

Après Paraphilia qui traitait des déviances sexuelles en se mettant régulièrement dans la tête des pédophiles, c'est un nouveau polar anglais qui traite du sujet, mais cette fois-ci, du côté des flics et des travailleurs sociaux qui atténuent les circonstances. C'est un thème délicat à aborder mais qui risque bien de se développer dans la littérature policière étant donnée le nombre d'affaires du genre de plus en plus médiatisées : "Il y a une trentaine d'années, la maltraitance enfantine et la pédophilie passaient complètement inaperçues, les parents étaient terrorisés à l'idée de déballer tout ça au grand jour. Du coup, le pédophile s'en tirait, au pire, avec une bonne raclée. La police n'était même pas informée, tout ça restait sous le manteau. C'est encore trop souvent le cas, tu sais. La plupart des gens se taisent, sans se rendre compte qu'ils offrent aux agresseurs la possibilité de recommencer." (p.285)

Moins dur que le livre dont je parlais plus haut, c'est néanmoins un roman qui secoue et qui tient en haleine du début à la fin. Le plus difficile est de se retrouver dans la multitude d'intervenants, mères célibataires, témoins des enlèvements, personnes qui fortuitement retrouvent les enfants disparus, malfaiteurs en plein règlement de compte, ... Tous ont des noms, des descriptions physiques plus ou moins sommaires qui embrouillent surtout si l'on ajoute les diminutifs des prénoms, les coquilles (une femme se prénomme Kathy p.270, puis Kelly, p.271, pour revenir à Kathy). Ceci étant mis à part, voilà un gros polar (presque 600 pages) qui se dévore. L'auteure nous plonge dans les bas-fonds de l'Angleterre, dans ce qu'elle a de plus miteux : misère, prostitution, drogue, alcool, prostitution enfantine, des indignités presque ordinaires dans certains milieux. C'est fort, c'est cru et direct. Un polar qui ne laisse pas insensible ses lecteurs et qui doit rester en mémoire par les images qu'il y imprime. Parent d'une part et travaillant à l'Aide sociale à l'Enfance auprès des enfants en difficulté, il trouve en moi un double écho.

L'écriture accentue encore ce ton franc et direct, le langage de Kate Burrows, femme-flic, est assez fleuri :

"Kate lui répondit par un sourire lourd de sarcasme.

- Gardez donc ça pour les jurés, ils adorent ce genre de conneries. Je vais vous ficeler un dossier tellement serré qu'à côté un cul de poule aura l'air d'un trou d'obus." (p.247)

Bon, là, évidemment, je tente de visualiser, et sans aller jusque dans mon poulailler -dans lequel, paisibles grattent Fernande et Félicie (années des "F", hommage à la chanson française) et Honorine (plus jeune, année des "H")- je vois nettement l'image. Bon, blague à part, le style est -pardonnez-moi l'expression, mesdames en particulier- "couillu", les jurons pleuvent, les paires de baffes aussi, les images abondent et les invectives fusent de part et d'autre de la table d'interrogatoire. Décapant et réjouissant.

Venons-en à l'histoire maintenant : glauque, terrible qui tient la route jusqu'au bout, surtout si on l'associe à l'agression de l'ami de Kate, à son combat pour avoir une vie en dehors du commissariat. Tout ce que j'aime : une flic dont on peut suivre en parallèle des enquêtes, la vie personnelle, pas facile, bien sûr.

L'été arrive et la lecture des polars monte en flèche -la preuve, regardez ce blog qui est quasiment devenu un repaire de lecteur de romans policiers- ; celui-ci peut et doit faire partie de vos futures plongées dans les mondes troubles des enquêtes "flicales " (j'ai cherché un synonyme à "policières" pour éviter la répétition et n'ai rien trouvé).

NB : à savoir que Kate Burrows apparaît dans un premier roman intitulé Le tueur et dans un troisième (La cassure étant le second), Impures (que je vais lire pendant mes vacances qui approchent à grands pas, et dont je vous parlerai à mon retour) ; chaque livre peut se lire indépendamment.

Merci Lilas.

 

thrillers.jpg

Commenter cet article
G
Je suis toujours épatée par le genre thriller et polar qui, avec toujours des histoires qui se ressemblent souvent à la base, arrive toujours à nous surprendre et à devenir original.
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Y
<br /> <br /> ça tient parfois à peu de choses, un contexte, une personnage, une écirture, ...<br /> <br /> <br /> <br />
A
Il y a une rime spéciale avec Honorine, comme avec Fernande et Félicie ?
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Y
<br /> <br /> Non, juste le côté désuet du prénom qui a retenu notre attention, d'autant moins de rime que Madame Yv se prénomme Delphine...<br /> <br /> <br /> <br />
I
D'un côté je suis tentée d'un autre je suis un peu effrayée par l'aspect glauque.
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Y
<br /> <br /> A moins d'être totalement allergique à cet aspect, il est un écueil très surmontable !<br /> <br /> <br /> <br />
L
oups !!! ;)
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Y
<br /> <br /> Ça ira pour cette fois !<br /> <br /> <br /> <br />
L
mmmmmmmmmmmm tu me tentes beaucoup !
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Y
<br /> <br /> Chut, il faut que nous restions discrets, rapport à ma femme... ;)<br /> <br /> <br /> <br />
L
tu devient un grand tentateur !<br /> ce livre m'intéresse et m'interpelle !
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Y
<br /> <br /> Et je suis dans la suite qui est a peu près de même valeur<br /> <br /> <br /> <br />