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Éloge du dégoût

Publié le par Yv

Éloge du dégoût, Bernard Morlino, Éd. du Rocher, 2012

"Les présentateurs-vedettes-de-la-télé ont remplacé Albert Camus et François Mauriac. Être intelligent ne sert plus à rien.

Il faut se forger soi-même son propre goût qui impose le dégoût des politiciens -des carriéristes sans dimension spirituelle-, des abonnés aux émissions télévisées, de tout ce qui nous éloigne de l'essentiel.

Rester neuf pour accepter la surprise." (extraits de la note de l'éditeur)

Bernard Morlino part de sa vie, de son enfance pour nous dire ce qu'est le dégoût, son dégoût. Yv, sois franc et direct et ne tergiverse point ! Bon, j'y vais : je n'ai pas aimé ce bouquin du tout ! Ouf, voilà, c'est dit. Je n'ai pas aimé le ton systématiquement polémique, toujours opposant l'avant et le maintenant au détriment de ce dernier, bien sûr ! Je n'ai pas aimé le "tous pourris " pour les politiques. Ce livre est finalement aussi nauséabond que ce qu'il dénonce, à savoir une culture au rabais, un manque de curiosité et d'audace des différents programmateurs et des spectateurs, visiteurs, auditeurs, téléspectateurs, amateurs, ... Un livre un peu facile sur le "c'était mieux avant". De fait, dans mon éloge du dégoût, je placerai ce livre : donc finalement, but atteint pour B. Morlino ?

C'est fort dommage d'ailleurs et ma critique sévère est sans doute à mesurer à l'aune de ma déception. Car je partage certains points de vue avec l'auteur : on ne prend plus le temps de déguster, de regarder, d'admirer. Être contemplatif aujourd'hui est une tare. Vivre à un autre rythme est suspect. De quoi ? Je ne sais pas, mais suspect aux yeux des autres -je le sais, moi qui ai adopté un rythme absolument pas aux normes actuelles, je me fais parfois envier, souvent moquer (ou vice-versa, puisque la moquerie vient de l'envie). J'acquiesce aussi à la dénonciation d'une certaine culture au rabais dont je parlais plus haut, au manque de curiosité et à la volonté de flatter nos plus bas instincts pour "être connu" ou pour "vendre du temps de cerveau disponible", pour reprendre une formule désormais célèbre. B. Morlino cite beaucoup d'exemples et notamment celui de la télévision et des émissions dans lesquelles les invités ne peuvent gère parler plus d'une minute ou deux : désespérant et navrant ! Tout à fait en phase avec lui également lorsqu'il parle de littérature et de création :

"Ne devraient créer que ceux qui ont vraiment quelque chose à dire. Comment peut-on publier autant après Apollinaire, Proust, Joyce ou Céline ? On ne demande plus : "Comment écrit-il ?" mais : "Combien a-t-il vendu ?"" (p.21)

Un autre point sur lequel je suis d'accord, c'est sur Gaston Chaissac : "Chaissac aimait passer pour un plouc provincial. Il adorait l'art brut. De vieux balais, il faisait des personnages coiffés en brosse." (p.91) Mais encore une fois, il ne peut aimer Chaissac qu'en comparaison -avec Dubuffet. Moi, j'aime Chaissac et un point c'est tout ! Point besoin de comparer ses tableaux, ses oeuvres à d'autres.

Un point de discorde supplémentaire : B. Morlino aime le football. Moi, pas ! Des pages vite lues sont consacrées à ce sport ; il écrit dessus aussi sur son blog, si l'envie vous prend, c'est ici.

J'ai l'impression que B. Morlino est resté sur ce qu'il a lu et vu et que jamais oh grand jamais il ne pourrait dire du bien de livres, films, émissions actuels. C'est de la nostalgie amère. De l'acrimonie.

Premier livre de cette collection que je n'aime pas. Ça devait arriver ! Ou alors peut-être tout cela est-il de l'humour ? Je dois en manquer !

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F
Je viens de lire ce livre très tonique et avec un vrai ton. Une très belle plume. Un style affirmé. Hors mode.<br /> Vous dites que Morlino nous embête avec: "c'était mieux avant" mais il dit exactement le contraire ! L'avant-dernier chapitre est titré: "Ce n'était pas mieux avant". C'est pourtant écrit noir sur<br /> blanc.
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Y
<br /> <br /> Effecivement, et j'ai cru en arrivant à ce chapitre que j'allais enfin avoir un démenti de ce que je ressentais depuis le début de ma lecture, à savoir ce "c'était mieux avant", mais que nenni !<br /> B. Morlino est reparti à pleine vitesse avec Mozart, de Vigny, Tolstoï, Rembrandt, que des artistes contemporains sans doute ? Et encore une couche sur la télévision qui semble être à ses yeux le<br /> summum du mauvais goût (sans doute n'a-t-il pas complètement tort, mais moi, je l'éteins) !<br /> <br /> <br /> Il ne suffit pas d'avoir en titre de chapitre "Ce n'était pas mieux avant", encore faudrait-il que le contenu de ce-dit chapitre corresponde à son titre ! Ce qui n'est absolument pas le cas,<br /> c'est même l'inverse !<br /> <br /> <br /> <br />
J
Cet Eloge du dégoût est remarquablement construit.<br /> C'est d'une grande finesse d'esprit.<br /> Il dézingue tous les imposteurs de notre époque.
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Y
<br /> <br /> Comme quoi tous les (dé)goûts sont dans la nature. Au contraire de vous je ne le trouve pas fin, mais gossier et "facile". Dans la même collection et tout en finesse existent Éloge du<br /> contraire et Éloge de la vulgarité, entre autres. Là, on est dans une autre dimension littéraire !<br /> <br /> <br /> <br />
Z
L'éloge du dégoût : un livre à te dégoûter du bon goût d'antan !!!<br /> Tu as le mérite d'être clair
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Y
<br /> <br /> Quand on n'aime pas, il vaut mieux être direct, ça évite les malentendus ...<br /> <br /> <br /> <br />
G
Bon, est bien cela a le mérite d'être clair, je vais aller faire un tour du côté de l'éloge du non !
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Y
<br /> <br /> Tu peux éviter celui-ci sans remords<br /> <br /> <br /> <br />
A
Je crois que c'est la première fois que je te lis aussi sévère !
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Y
<br /> <br /> Ça m'est arrivé deux ou trois fois d'être si catégorique, mais certains livres me sont insupportables de pédanterie ou de pseudo-intellectualisme-parisien que je ne peux m'empêcher d'être énervé.<br /> <br /> <br /> <br />