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Dans ma peau

Publié le par Yv

Dans ma peau, Guillaume de Fonclare, Stock, 2010

"Mon corps est un carcan : je suis prisonnier d'une gangue de chairs et d'os. Je bataille pour marcher, pour parler, pour écrire, pour mouvoir des muscles qui m'écharpent à chaque moment." Guillaume de Fonclare est atteint d'une maladie orpheline, dégénérative, qui le prive peu à peu de l'usage de ses membres et lui provoque des douleurs sans nom. Depuis 2006, il est le directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne, dans la Somme.

Ce livre est un récit. Le récit de ses douleurs, de ses pensées, de ses craintes quant à son devenir et à la progression de la maladie. Il est aussi un message d'amour à ses amis, sa femme et ses enfants, ses collègues. Guillaume de Fonclare écrit aussi sur les hommes qui sont tombés pendant la guerre de 14/18. Il dit comment le fait de parler d'eux, de s'occuper d'eux et de leur histoire lui apporte du réconfort.

C'est un témoignage fort et bouleversant parce que le lecteur est dans la tête de la personne qui se voit diminuer physiquement petit à petit. Les mots sont directs, choisis et francs.

Cependant, malgré les énormes qualités de ce texte, je suis resté un peu sur ma faim. Je n'ai pas compris -et c'est sans doute ma faute- le besoin de se référer sans arrêt aux morts de 14/18. Ou, pour être franc, je l'ai bien compris, mais je trouve que Guillaume de Fonclare insiste beaucoup trop, au point que je décroche au passage. J'aurais aimé un texte encore plus ramassé qui aurait, pour moi, gagné en puissance et en force.

J'ai longuement hésité avant de proposer mon billet un peu négatif sur ce livre, tellement ce que j'ai lu de la critique était bon, voire excellent. Mais ce qui me retenait surtout, c'est bien sûr l'état de santé de l'auteur, sa souffrance et sa situation physique. C'était même la raison principale, parce qu'être à rebours des opinions, des avis et des critiques, non seulement ne m'effraie pas, mais au contraire me fait doucement sourire et me plait assez. Et puis, je me suis dit : "aurais-je hésité avec le même genre de livre écrit par un "valide" ? La réponse étant bien sûr négative, je me suis attablé devant le clavier et me suis lancé dans l'écriture de ma chronique. Repensant à mes hésitations, je suis même un peu honteux de les avoir eues.

M. de Fonclare, je suis doublement désolé. D'abord, d'avoir eu ne-serait-ce-que l'idée de ne pas publier cet article, en tenant seulement compte votre maladie, alors, que vous dites si bien dans votre livre combien le regard et l'attitude des gens envers vous sont importants, et que vous appréciez les rares personnes qui ne changent rien à leur façon de vous parler ou d'être avec vous. Ensuite de ne pas avoir totalement adhéré à vos propos. Mais je suis ravi d'avoir raison retrouvée et de publier ici mon avis libre et sincère.

D'autres avis plus positifs chez B.O.B

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U
Lol !!!
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U
j'ai enlevé le O de trop dans mon pseudo !
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Y
<br /> <br /> C'était pas mal ça faisait exotique<br /> <br /> <br /> <br />
O
J'avais bien sur deux minutes pour venir lire ton billet et le reste. La discussion et l'ouverture d'esprit...c'est chouette quand-même !<br /> Rien à voir mais pourquoi facebook ne nous veut plus comme amis ????
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Y
<br /> <br /> j'ai quelques soucis actuellement avec Facebook : des amis que je n'ai pas demandés et d'autres qui partent sans que je le demande. Refaisons une demande...<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Ton commentaire sur mon blog (où tu évoquais le passage de l'auteur sur le tien) m'a donné envie de voir ton billet.<br /> Je pense aussi que tout avis mitigé, voire négatif, est intéressant et qu'il n'y a pas d'auto-censure à faire si l'on a été honnête et pas seulement polémique pour le plaisir de faire du beau style<br /> (c'est Cavanna qui disait qu'on écrivait mieux dans la polémique qu'avec un encensoir : "le public aime les peaux de vache pleines d'esprit").<br /> De mon côté, mon avis était d'entrée de jeu largement positif, et tous les thèmes évoqués m'ont parlé, pour eux-mêmes et non au nom de je ne sais quel politiquement correct.<br /> Presque un siècle après, nous n'avons pas fini d'être révulsés, par témoignages interposés, par la Grande Guerre. De même, entrer "dans la peau" des autres, c'est toute une éducation qui nous<br /> manque et que nous avons à apprendre pour éviter les maladresses et les lourdes bonnes intentions devant les vécus qui nous sont étrangers.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Mais en y repensant, je ne vois pas au nom de quoi j'ai hésité à publier ce billet. Toujours est-il que ce bouquin est bon, mais pour ma part, j'y mets quelques réserves.<br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> J'ai eu un ressenti assez similaire pendant cette lecture.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Ce qui n'enlève rien aux qalités de ce livre, mais c'est vrai qu'un côté ne me "touche" pas vraiment.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Je pense que cette lecture restera pour moi la plus forte et la plus marquante de l'année 2010. Et tu as très bien fait de donner ton point de vue, l'unanimité serait suspecte ! J'ai fait un voyage<br /> que je qualifierais de "généalogique" l'année précédente sur les champs de bataille de la Meuse et pour moi le lien entre la souffrance liée à la maladie et celle infligée par la guerre à de jeunes<br /> hommes allait de soi. Mais je comprends que l'on puisse préférer un des aspects du livre.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> De mon côté, je peux entendre cette comparaison, même si elle ne me parle pas particulièrement. Et je comprends aisément que ce livre puisse être la lecture la plus forte du nmoment ou de<br /> l'année.<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> Cher Monsieur,<br /> <br /> Vous aviez raison de vous sentir gêné de ne pas publier votre commentaire ; vous aviez raison de penser qu'en effet, c'eût été me retrancher une fois de plus du monde des "normaux", même si je ne<br /> sais pas trop ce que peut être cette normalité... D"oser le faire, vous me conférez - en tout cas, c'est comme cela que je le vois - un statut d'écrivain, et plus de malade. Je n'en demande pas<br /> plus. Je suis suffisamment critique sur mon travail pour comprendre que les autres puissent l'être aussi.<br /> <br /> Et puis, voyez-vous, je viens de voir les commentaires sur votre analyse et ma réaction, et je me dis que nous avons bien fait. Nous montrons, à notre manière, que le dialogue est plus riche que le<br /> conflit, que l'échange de vues apporte plus que l'invective. Oui, simplement pour cela, je crois que nous avons bien fait, et c'est un bel exemple, à notre niveau, des vertus du dialogue.<br /> <br /> Très cordialement,<br /> <br /> Guillaume de Fonclare<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Je croyais que c'était celui de Malaparte....<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Et non, je n'ai pas encore lu Malaparte<br /> <br /> <br /> <br />
Y
<br /> J'ai acheté ce livre pour la bib. Je l'ai présenté samedi dernier, avec d'autres nouveautés du trimestre, mais je n'ai pas été convaincante, personne ne l'a pris. Bon, il y a avait 30 livres pour<br /> une dizaine de lecteurs... mais je crois que le sujet leur a paru trop grave... le Pancol a été emprunté tout de suite, misère !<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Le dur métier que bibliothécaire : présenter un livre fort et intéressant malgré mes réserves et voir les lecteurs se ruer sur la facilité. Reste à le mettre en bonne place pour qu'il soit<br /> emprunté.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Plein respect pour M. de Fonclare, son livre et son commentaire - mais j'attendrai, j'ai eu assez de lectures éprouvantes ces derniers temps, j'ai beosin d'un peu de gaieté !<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> C'est sur sur ce n'est pas gai, mais il est possible d'y revenir plus tard.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Je l'ai lu comme si je lisais ma propre histoire de personne "non valide". Un livre qui explique avec des mots justes la douleur, la propre image que l'on a de soi et celle qui est renvoyée par<br /> l'entourage.<br /> <br /> Au contraire, j'ai trouvé que la guerre avait sa place car un corp en souffrance est un corps vide. On se détache de lui, on parle souvent de son corps à la troisième personne. Ce corps broyé,<br /> rongé qui bataille contre la maladie.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Sans doute, ma lecture au premier degré ne m'a pas permis de voir tout cela. Mais tu dis très bien ce que tu as ressenti<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Non seulement tu as bien fait de parler de ce livre mais je trouve la réponse de l'auteur très sympathique !<br /> Je note ce titre sans hésiter ;)<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> La réponse de l'auteur est tout à son honneur et si elle peut donner l'envie à mes visiteurs de lire son livre, je trouve cela très bien.<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> Un livre que j'avais envie de lire, Aifelle en avait parlé. Dis donc, l'auteur, quelle classe!<br /> Ton billet honnête fait plaisir aussi.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Je suis bien sûr, ravi et flatté du passage de Guillaume de Fonclare sur mon blog. Et puis, je trouve son commentaire très sincère et très honnête<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> (Si vous pouviez corriger les trois fautes d'accord de l'avant-dernière sentence, je vous en serai gré.)<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Je suis désolé, mais j'ai bien peur qu'elles ne restent gravés, je n'ai pas trouvé comment corriger les commentaires, sauf à les supprimer totalement ce que je me garderai bien de faire. Désolé.<br /> <br /> <br /> <br />
Z
<br /> Heureuse que tu aies publié ce billet. En plus tu as piqué ma curiosité, alors tu vois, ton billet un peu mitigé ne porte même pas atteinte à ce livre.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Il est mitigé, certes, mais le livre par le sujet qu'il touche ne peut probablement pas emporter totale adhésion. Néanmoins, je le conseillerai.<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> Bonjour Yv,<br /> <br /> Ne vous inquiétez de rien, je ne suis pas susceptible et le fait d'être malade ne me donne aucun droit. Vous avez tout à fait raison d'exprimer vos réserves tant sur la forme que sur le fond de mon<br /> récit. Je n'en éprouve ni affliction, ni rancune, pas plus que je ne veux montrer mon désintérêt ou mon mépris pour votre critique. Je l'ai lu, je l'ai trouvé sensé, sincère et franche. Vous avez<br /> tout mon respect.<br /> <br /> Très cordialement,<br /> <br /> Guillaume de Fonclare<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> M. de Fonclare,<br /> <br /> <br /> Vous me voyez ravi de votre passage sur mon modeste blog. Je le suis encore plus lorsque je lis votre réaction, et l'avouerais-je, sans avoir pensé que vous puissiez lire mon article, je n'aurais<br /> pas compris qu'elle put être autre. Je vous ai donné en vous lisant une certaine "sagesse" et un recul sur vous-même. Et puis, je n'ai pas détesté votre livre, il y a même une grande partie que<br /> j'ai bien aimée ;  je me ferai même un plaisir de vous relire.<br /> <br /> <br /> Je ne peux en réponse que finir comme vous : vous avez également tout mon respect. Très cordialement.<br /> <br /> <br /> <br />