Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils
Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils, Jacques Expert, Ed. Anne Carrière, 2010
Première scène, Antonio Rodriguez se prépare pour aller tuer l'assassin de son fils. Seconde scène, Jean-Pierre Boulard, N°2 de l'entreprise dans laquelle travaille Rodriguez, au volant de sa voiture renverse un enfant à vélo. Il a bu quatre pastis avec des copains et de peur des ennuis qu'il court, il ne s'arrête pas. Le lendemain, il apprend que le petit est mort. Ce petit, c'est Victor, le fils de Rodriguez. Tout l'enjeu pour Boulard est de ne pas se faire prendre, et pour Rodriguez, de retrouver l'assassin de son fils.
Dans ce roman, Jacques Expert fait parler quatre personnes : Jean-Pierre Boulard et sa femme Christine, Antonio Rodriguez et sa femme Sylvia. Chacun révélant des indices, des éléments sur les uns ou les autres. Le couple Boulard est à la limite de la caricature, sans doute un peu trop pour être réellement crédible. Lui, en beauf, arriviste et opportuniste et elle en femme délaissée et vengeresse, qui déteste son mari et qui n'aime pas beaucoup ses enfants qui le lui rendent bien. Les Rodriguez vivent dans leur chagrin et ne réussissent à le surmonter que grâce à l'espoir que leur procure la vengeance et la future mort -inévitable pour eux- de l'assassin de Victor. Ils respirent malgré la douleur, s'éloignent l'un de l'autre, mais leur amour et la haine envers l'assassin de leur fils les aide à tenir.
J'ai déjà lu de cet auteur, La femme du monstre qui m'avait fait un fort effet. Là, la surprise ne joue plus, la construction du livre est à peu près la même et les "méchants" sont faciles à haïr, autant le coupable que sa femme qui veut protéger sa petite vie plutôt que de souffrir le déshonneur et la honte d'être mariée à un monstre. Ce livre est beaucoup moins fort et dérangeant que La femme du monstre, même si l'auteur situe son intrigue autour d'un fait divers particulièrement cruel : la perte d'un enfant dans des conditions terribles.
Au début, lorsque Boulard s'exprime, j'ai senti une grosse faiblesse stylistique, mais peut-être est-ce dû à la limitation intellectuelle du narrateur ? Toujours est-il que ce n'est pas le style littéraire de l'auteur qui emportera l'adhésion. Néanmoins, je dois dire qu'à travers des phrases simples, directes, sans fioriture, Jacques Expert sait créer un suspense efficace. Lorsque j'ai commencé son livre, j'ai su tout de suite qu'il fallait que j'arrive au bout vite, très vite. Et ce qui est bien, merci M. Expert, c'est qu'il se lit rapidement. Un après-midi pluvieux ou gris cet été, ou après, puisque la saison se termine ? Voici un livre pour ne pas voir le ciel menaçant, puisque les yeux resteront sur les pages, et pour faire passer cette demi-journée prestement.