Le retour du professeur de danse
Le retour du professeur de danse, Henning Mankell, Seuil, 2006
Début de l'hiver dans le nord de la Suède, Herbert Molin, policier à la retraite, retiré dans cette région est sauvagement torturé et assassiné. Stefan Lindman, policier à l'autre bout du pays et ancien collègue de Molin vient d'apprendre ce meurtre et une autre mauvaise nouvelle : il est atteint d'un cancer et doit commencer les traitements dans quelques semaines. Pour tromper son angoisse, il monte dans le nord et s'intéresse de près au meurtre d'Herbert Molin.
Roman policier d'Henning Mankell, mais sans le commissaire Wallander. Stefan Lindman apparaît ici pour la première fois et apparaîtra ensuite, au gré d'une mutation comme collègue de Kurt et Linda Wallander (cf. Avant le gel). Mankell n'a pas besoin de son héros fétiche pour nous tenir en haleine : il y réussit très bien avec des personnages inconnus. L'histoire est glauque, sinistre et fait appel à un passé peu glorieux de la Suède : la seconde guerre mondiale. On a coutume de dire que ce pays a été neutre. Certes ! Mais l'idéologie nazie a pénétré les Suédois et certains d'entre eux -assez nombreux aux dires de l'auteur, sûrement bien renseigné- se sont laissés séduire pas les thèses de Hitler. Certains Suédois se sont même engagés volontairement dans la Wehrmacht. Henning Mankell qui dénonce régulièrement les dérives de la société occidentale et notamment celles de la Suède, s'en donne ici à coeur joie -si je puis m'exprimer ainsi ! Cependant, il n'est pas lourd ou moralisateur : il met en face des personnages aux vies différentes qui s'affrontent idéologiquement en plus de s'affronter dans l'enquête policière en tant que policiers et suspects. Mais Mankell ne se contente pas de dénoncer le passé de la Suède, il est persuadé que cette idéologie passéiste, d'un autre temps est toujours présente dans son pays, pour son plus grand dégoût.
Stefan Lindman n'a pas la carrure d'un Wallander, mais ce roman est un excellent roman policier, peut-être même meilleur que certains avec Wallander, parce qu'on est moins "dérangé" par les "à-côtés" liés à Wallander, commissaire récurrent, et à son évolution au fil des livres. Mais bon, ce sont de bien minuscules dérangements. Et en plus, on en redemande !