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Un croque-mort à côté de ses pompes

Publié le par Yv

Un croque-mort à côté de ses pompes, Bruno Dinant, F. Deville, 2022

Patrick Delvaux perd en quelques jours, son boulot aux pompes funèbres, sa femme et sa maison puisqu'elle appartient à Mme Delvaux. Il s'ennuie dans sa colocation prise en urgence avec un type pas très recommandable, du genre très attiré par les armes et l'extrême droite.

Pour combler ses mornes journées et le manque de cadavres de son ancien job, il décide de tuer quelqu'un au hasard. Mais attention, pas un crime crapuleux, non un crime mûrement réfléchi auquel les flics ne le rattacheront jamais. Sauf qu'une jeune inspectrice a de sérieux doutes.

Très bien ce roman policier, bien qu'un peu long sur la fin lorsque chaque intervenant redonne son avis et explique à sa sauce les événements passés, ce qui fait très répétitif. Mais bon, je ne boude pas le plaisir que j'ai pris à suivre cette partie d'échecs entre le meurtrier et la flicque. Chacun avance ses pièces en pensant tuer le jeu, mais ils sont tous les deux coriaces et joueurs.

La prouesse de Bruno Dinant est de nous rendre le meurtrier sympathique, au moins au début, et d'avoir presque envie de le voir se sortir de cette situation dans laquelle il s'est mis tout seul. Parfois, je me raisonnais et me disais que je ne pouvais pas éprouver ce genre de chose pour ce gars qui a tué au hasard. Et puis, je lui trouvai plein de circonstances excusantes notamment le profil de la victime et cette envie de jouer au plus fin avec la police. Le principe n'est pas nouveau, c'est celui-ci qu'ont exploité les créateurs et scénaristes de Columbo, mais l'auteur a rajouté une relation de séduction-répulsion entre les deux protagonistes et du décalage, de l'humour noir fort bienvenus. Parfois dans les situations qui ne tournent comme le souhaite Patrick Delvaux, parfois dans les dialogues ou expressions, dans la tournure des phrases.

Et puis, le tout est bien mené et même si l'on connaît le coupable, ses motivations -c'est lui le narrateur à la première personne-, on n'est pas à l'abri de surprises et rebondissements, car on ne sait pas comment agit Andréa Dumont, l'inspectrice. Et elle est fine, acérée, joueuse et redoutable. A peine 400 pages de coups bas, de coups durs pour que le lecteur ne relâche jamais son attention, jusqu'au bout du bout.

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