La terre en colère
La terre en colère, Nils Barrellon, Jigal polar, 2022
Le corps d'un homme est retrouvé suspendu au dessus du périphérique parisien créant un afflux de voyeurs en tout genre. Julien Bonfils, commissaire à la brigade criminelle de Paris aperçoit dans la foule un homme qui lui paraît suspect, le prend en chasse et finit par le perdre. Le meurtre est revendiqué par un groupe jusqu'ici inconnu : Djihad Vert. Ce groupe entend mener des actions violentes contre tous ceux qui représentent les entreprises les plus polluantes de la planète et diffuse une liste de ses prochaines victimes. Une véritable course contre la montre pour éviter d'autres meurtres commence, menée par le commissaire Bonfils et le groupe Da Silva.
Quatrième roman de Nils Barrellon et quatrième changement d'univers et de style. D'un historique La lettre et le peigne, à un scientifique Le neutrino de Majorana, en passant par un huis-clos en avion Vol AF 747 pour Tokyo, le romancier tente et marque à chaque fois.
Cette fois-ci, avec de nouveaux enquêteurs -que personnellement, j'aimerais bien retrouver dans d'autres aventures, je demande, on ne sait jamais-, Nils Barrellon s'inquiète -à juste titre- de l'état de la Terre et place son intrigue au coeur d'un des thèmes majeurs de notre avenir. Celui qui devrait être numéro 1 dans les têtes et les actes de tous les dirigeants, par lequel toutes leurs décisions, leur politique devraient passer : la préservation de la planète.
Contrairement à d'autres polars, l'auteur ne s'attarde pas sur les vies de ses flics dont on ne sait pas grand chose en dehors de leur travail -d'où ma demande de les revoir, histoire d'en apprendre un peu plus. En revanche, on en sait davantage sur les suspects, leurs motivations, leurs cheminements jusqu'à leur entrée dans la liste des policiers. Roman policier classique au contexte moderne -nouveau commissariat au 36 dur du Bastion en lieu et place du 36 quai des orfèvres- où les flics creusent chaque piste, convoquent, interrogent, interpellent, croient avoir trouver le coupable puis déchantent, croisent avec le désormais inévitable geek qui sait trouver les bonnes caméras de surveillance, craquer les mots de passe des PC et téléphones. Tout cela est très bien fait et la patte de Nils Barrellon est dans un style direct aux phrases assez courtes qui parfois font sourire : "Un collègue, qui porte jaune fluo, m'aborde. Il a la trentaine et un petit air d'Alain Delon, en plus petit et en plus moche." (p.19), dans des flics bosseurs, opiniâtres qui ne cèdent jamais à la facilité et, Julien Bonfils en tête, ne s'arrêtent pas tant qu'ils n'ont pas l'intime conviction qu'ils ont le coupable. Et Nils Barrellon de nous balader, de nous surprendre. Les dialogues sont aux petits oignons, des formules qui font mouche, qui donnent un réalisme certain au roman.
Bref, tout est bon chez Barrellon.