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Un été à Pont-Aven

Publié le par Yv

Un été à Pont-Aven, Jean-Luc Bannalec, Presses de la cité, 2014 (traduit par Amélie de Maupeou)....

Pont-Aven, le corps de Pierre-Louis Pennec, 91 ans, propriétaire de l'hôtel-restaurant le Central est retrouvé assassiné dans l'établissement ; héritier de Marie-Jeanne, sa grand-mère fondatrice du lieu qui vécut aux temps glorieux de Gauguin et ses amis alors férus de ce coin de Bretagne et de ses habitants, notamment de Marie-Jeanne qui les aida plus d'une fois. Georges Dupin, commissaire à Concarneau est chargé de l'enquête ; arrivé deux ans auparavant de Paris, suite à une mutation punitive pour "diverses dissensions" -très concrètement, il a proclamé haut et fort à certaines personnes responsables ce qu’il pensait d'elles-, il est tombé sous le charme de la Bretagne et apprend à connaître les Bretons et leurs caractères taiseux et entêtés. 

Précision liminaire qui concerne un point qui n'a sûrement pas échappé à votre sagacité, je fais mention plus haut d'un livre écrit par Jean-Luc Bannalec et traduit (brillamment) par Amélie de Maupeou ; en fait A. de Maupeou traduit de l'allemand au français, car JL Bannalec est le pseudonyme d'un écrivain allemand qui vit trois mois de l'année dans le Finistère sud ; ce premier tome -car d'autres enquêtes de G. Dupin suivront- fut une vraie réussite en terme de vente en Allemagne et débarque donc chez nous.

Soyons francs, soyons fous, je divulgue tout de suite mon avis général, un peu comme si je donnais le nom du coupable dès les premières pages : c'est un bon roman policier qui laisse le goût d'un revenez-y pas désagréable du tout ; la deuxième aventure a déjà été lue par nos amis allemands, j'aimerais bien qu'Amélie de Maupeou la traduise rapidement pour retrouver Georges Dupin et la Bretagne telle qu'il la décrit. 

Plusieurs bons points dans ce roman policier, le premier étant qu'il n'y a point de sang partout, on est dans des meurtres "à l'ancienne", l'auteur nous épargnant les descriptions minutieuses des cadavres, les odeurs, et tout ce que l'on peut lire dans certains livres du genre.

Le deuxième, sur la même ligne nous présente un commissaire qui prend son temps, qui a besoin de prendre du recul, seul pour réfléchir, à l'instar d'un Maigret -il a d'ailleurs le prénom du créateur du célèbre commissaire du 36 quai des orfèvres. Il pose des questions, consigne tout sur des petits cahiers Clairefontaine, les relit, y trouve -ou pas-le détail qui fait basculer l'enquête : "On y était. Dupin connaissait ce point précis où tout basculait dans une enquête, peu importait laquelle. Ce fameux moment où la vraie version des faits apparaissait au grand jour. Jusque-là, tout le monde s'était efforcé de ne montrer de soi-même qu'une surface lisse et opaque, de ne surtout rien révéler des véritables dessous de l'histoire. Et chacun, pas seulement les coupables, avait toujours de bonnes raisons de le faire." (p. 246) Il y a aussi du Colombo en lui, avec cette manière de poser des questions parfois sans rapport direct avec l'affaire, mais qui s'avèrent primordiales, du Wallander aussi à creuser toutes les pistes -à faire creuser plutôt par Le Ber et Labat ses collaborateurs ainsi que Nolwenn la secrétaire ultra-efficace (pléonasme ?)- à garder pour lui des informations, des intuitions qui deviendront des certitudes. Car dans ses moments de réflexion, Dupin se repasse tout le film de l'enquête en cours cherchant le détail qu'il n'a pas encore vu jusqu'à ce que ce fameux détail le mène vers la solution, évidente et même simple, presque trop, néanmoins bien dissimulée jusqu'au bout par JL Bannalec.

Le troisième est la description du pays par un œil extérieur, celui d'un exilé qui se met à adorer son lieu de "punition" ou celui de JL Bannalec, auteur allemand donc, qui s'émerveillent à raison devant la beauté des sites, des lieux typiques, de la gastronomie locale et pour G. Dupin, qui tombe sous le charme des Bretonnes (pour JL Bannalec, je ne m'avance pas, je ne voudrais pas faire de peine à "Frau Bannalec"), au moins deux, Camille de Denis, la notaire et Marie Morgane Cassel, experte en art, spécialiste de l'école de Pont-Aven.

Les Bretons vont adorer ce roman qui décrit superbement la région et les autres vont avoir très envie de venir la découvrir. Quant à moi, né en Ille-et-Vilaine, élevé à Nantes, et habitant désormais au sud-est de cette ville, presque en bordure de la Vendée, suis-je Breton ? L'éternel débat relancé. En fait, je suis entre les deux, j'ai beaucoup aimé ce roman pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, et notamment pour la visite guidée de Concarneau et Pont-Aven et les environs et j'ai très envie de retourner voir tous ces coins que j'ai déjà vus et revus et que je trouve particulièrement accueillants.

 

polars

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E
Drôle de mélange, cependant j'aime tellement Pont Aven où il fait bon flaner que je le note. Concarneau est aussi un super endroit. J'aimerais savoir où il nous emmène dans le 2ème, j'adorerais La<br /> Torche et Crozon ...Ou peut-être reste t-il au même endroit ?
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Y
<br /> <br /> Je ne sais ps encore, mais il y a tellement de beaux coins en Bretagne<br /> <br /> <br /> <br />
D
Bonjour Yv, rien que l'écrivain allemand avec son pseudo très français, ça donne envie. Je ne connais ni Pont-Aven, ni Concarneau et pas très bien la Bretagne. Donc je m'y plongerais peut-être.<br /> Bonne après-midi.
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Y
<br /> <br /> Je connais un peu Pont-Aven, un peu plus Concarneau qui est une ville très agréable à visiter et sans doute à vivre...<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Je note pour le paysage
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Y
<br /> <br /> ... et l'ambiance<br /> <br /> <br /> <br />
F
J'ai écouté un peu Miossec mais pas lu Bannalec. Je me souviens du 'tapage' autour de ce livre et de l'identité de l'auteur lors d'un séjour en Allemagne. Il paraît que les allemands arrivent en<br /> masse dans ce joli petit coin du Finistère Sud sur les traces de Dupin...
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Y
<br /> <br /> Miossec, c'est excellent et Bannelec, c'est pas mal non plus... mais j'avoue, de ma Bretagne sud (si si) ne pas avoir entendu parler avant de le lire, de ce bouquin<br /> <br /> <br /> <br />
L
Je vais le noter car un roman breton écrit par un allemand et qui a des odeurs de policier parisien écrit par un belge parait assez fou.<br /> Le Papou
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Y
<br /> <br /> C'est un résumé effectivement qui parait totalement fou<br /> <br /> <br /> <br />
G
Un bon polar qui se passe en Bretagne... difficile de résister, en effet!
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Y
<br /> <br /> Je savais qu'il ferait des amatrices dans le secteur<br /> <br /> <br /> <br />
K
Un breton allemand - ou l'inverse? OK, le polar a l'air bon (et puis je n'aime pas non plus les détails trop gore)
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Y
<br /> <br /> oui un polar pas mal du tout, tout en atmosphère<br /> <br /> <br /> <br />
C
Il existe aussi un Jean-Luc Bannalec qui écrit ( ou écrivait) sous son vrai nom des polars se déroulant en Bretagne..
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Y
<br /> <br /> Le pseudonyme est-il donc un leurre ? A priori, sur ce coup, il s'agit bien d'un auteur allememand Jorg Bong !<br /> <br /> <br /> PS : journée Miossec, sur France Inter, ta radio est branchée ?<br /> <br /> <br /> <br />