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Le sang des cors

Publié le par Yv

Le sang des cors, Gérard Bertuzzi, Ravet-Anceau....

Le commandant Bourbon et son adjoint Le lieutenant Keller sont chargés de se renseigner sur la disparition étonnante et inquiétante de la comtesse Edmonde de la Villaudière. La demande n'émane pas du comte qui ne s'émeut pas vraiment puisque pour lui, sa femme a quitté le domicile conjugal suite à de multiples mésententes. 

Dans le même temps, le comte est sollicité pour l'achat d'un tableau par un jeune homme, Morgan Ferneth qui dit agir pour un antiquaire de Paris. Quelques temps après la transaction, Morgan est porté disparu. Une deuxième fois, les gendarmes interrogent le comte sur une disparition de gens qu'il est, selon la célèbre expression, le dernier à avoir vus en vie. Beaucoup de coïncidences pour les deux enquêteurs chevronnés.

J'ai déjà rencontré avec bonheur, Bourbon et Keller dans une aventure précédente, Disparitions en Picardie.  Je les retrouve fidèles à eux-mêmes, amateurs de jeux de mots, de calembours et enquêteurs opiniâtres et travailleurs. Cette fois-ci ils ont fort à faire avec les disparitions autour du comte de la Villauderie qui ne s'arrêteront pas aux deux seules préalablement citées. Au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire, les blagues s'estompent et le professionnalisme des gendarmes prend le dessus, sans pour autant disparaître (non, tout ne disparaît pas dans ce polar), ce qui serait d'ailleurs fort dommage car elles nous permettent de sourire et elles allègent un peu la noirceur du bouquin. Car là, Gérard Bertuzzi fait dans le lourd, la description parfois à la limite de l'insoutenable, notamment une (une seule sur tout le bouquin) scène terrible que je ne citerai pas par égard aux petits yeux qui pourraient me lire mais aussi par égard aux futurs lecteurs que vous serez, je n'en doute pas, et qui n'aimeraient pas voir le suspense dévoilé. 

L'histoire que construit G. Bertuzzi est assez alambiquée, pleine de tours et détours, de pistes diverses, de circonvolutions ; de nombreux personnages apparaissent, mais elle est diablement bien maîtrisée. Construite en tous petits chapitres alternant les points de vue qui permettent une lecture aisée tant dans la possibilité de poser le roman puis d'y revenir pour un court moment que dans la compréhension du rôle de chacun, des interactions entre tous les protagonistes. Bien vues également, ces deux premières parties qui, pour la première nous expose par petites touches des faits divers sans forcément de rapport entre eux et pour la deuxième, grâce à un ingénieux flash-back nous les explique par leur naissance dans l'esprit des acteurs. L'écriture de Gérard Bertuzzi est claire, fluide et limpide non dénuée d'humour et de réflexions parfois plus fortes: "Si elle attire les chiens, descendants directs du loup, l'odeur du sang n'en attire pas moins les humains par journalistes interposés. Désormais garants de la dose d'hémoglobine nécessaire au bon équilibre mental du peuple, les médias sont à l'affût du moindre fait divers sanglant. Si le spectacle est à la hauteur, l'audience est au rendez-vous, l'arène est bondée." (p. 80) 

Très ancrée dans la Picardie entre Compiègne et Chantilly, dans la crème de la société, ce roman policier que d'aucun dédaigneront parce qu'il est régional a des qualités évidentes (sans doute aussi des faiblesses, comme par exemple un manque de contexte fort comme je les aime : historique, sociétal, culturel,...) et se hisse selon moi bien plus haut que le simple divertissement dont je parlais pour Disparitions en Picardie du même auteur : de belles intrigues bien menées et remarquablement maîtrisées qui tiennent du début à la fin.

 

polars 2015

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N
Un polar picard ? Je ne dédaigne pas hein... mais je ne suis pas sûre d'y trouver mon compte...
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Y
<br /> <br /> Un très bon petit polar qui se laisse lire avec grand plaisir<br /> <br /> <br /> <br />