Le Bar parfait
Le Bar parfait, JB Pouy, Ed. de l'atelier in8, 2011
Un homme arpente les rues de Paris à la recherche du bar parfait, selon ses propres considérations. Il trouve aux puces, un jeu de Monopoly et décide de faire les rues selon l'ordre du plateau de ce jeu. Pour lui, l'objectif est de se voir servir un Blanc meilleur que du sauvignon et d'avoir des compagnons de boisson qui ont des choses à dire, mais point trop. Dans le même temps, un mauvais coup se prépare dans la capitale dont on se demande bien comment il pourrait croiser la route éthylique du héros.
Tout part d'un constat terrible :
"- Un verre de Blanc, s'il vous plait.
- Muscadet ou sauvigon ?
- Au revoir monsieur.
Et je suis sorti du rade. Faut pas pousser. Y a toujours, quand même, au moins, du Mâcon, du petit Chablis, du Cheverny ou du Quincy..." (p.7)
Terrible parce qu'habitant en plein cœur des vignes de Muscadet, je suis meurtri de voir que JB Pouy n'aime pas ce vin blanc. Aïe, aïe, aïe, mon chauvinisme en prend un coup. Allez, pour me remonter, je vais me servir un petit Menetou-Salon (en cachette, des fois que mes voisins me verraient !)
Dans un style absolument réjouissant JB Pouy nous fait visiter les rues de Paris ou plutôt ses cafés. Bourré d'aphorismes, de jeux de mots drôles, parfois faciles mais qui font sourire, ce petit texte fera le bonheur de ses lecteurs comme ce fut le cas pour moi. Ça commence par exemple par une phrase attribuée à Prévert : "je ne suis pas vraiment un alcoolique, je suis un ivrogne" (p.8), ou encore celle-ci que j'aime beaucoup, affichée au-dessus du bureau d'un flic, et attribuée à Alphonse Allais : "Ce n'était pas une lumière parce qu'il était niais." (p.61) (A lire à haute voix pour les plus... lents d'entre vous !)
Un régal vous dis-je, il ne manque plus que de lire cette nouvelle avec un verre de Sancerre ou de Chablis à la main (à consommer avec modération, bien entendu). En outre, à chaque fois que le héros boit un verre de Beaujolais -notamment le nouveau- il lui arrive des misères, et comme je le comprends moi qui n'aime pas non plus ce breuvage imposé à coups de marketing et qui ne vaut pas tripette. Il se promet donc de ne pas recéder à la tentation annuelle ; moi itou !
J'aurais pu vous citer le bouquin entier, et je suis bien embêté pour ne prendre que des bouts ici ou là, celui-là par exemple : "C'est le vrai problème le travail. Tout dépend de lui et personne n'en parle jamais. Personne ne veut travailler et tout le monde se plaint de ne pas en avoir, du travail. Ça a un peu rétabli la moyenne, le vin à la place du boulot, vaste programme." (p.31)
Envie d'une balade à Paris en bonne compagnie ? D'une balade qui vous fera sourire et qui par moment saura se faire plus surprenante, plus pétaradante (lorsqu'on est auteur de roman noir, on doit avoir du mal à résister à un bon mitraillage M. Pouy ?) ? Ne cherchez plus, vous avez de quoi passer une heure ou deux ou plus pour ceux qui vont remplir leur verre au rythme du marcheur-buveur parisien de vrai plaisir de lecture avec ce Bar parfait.
Avis qui ressemble sur Biblioblog.