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L'autel des naufragés

Publié le par Yv

L'autel des naufragés, Olivier Maurel, Jigal, 2013

Novembre 1963, la veille de l'assassinat de Kennedy, un homme, criminel de guerre nazi est abattu dans une rue de New-York par Simon Slick, agent de la DST. 

Février 2009, le corps d'une femme est retrouvé atrocement mutilé à Milly-la-Forêt. Andréa Slick, patron de la BRI est chargé de l'enquête. Andréa est le petit-fils de Simon. Chez les Slick, on est flic ou barbouze de père en fils depuis plusieurs générations. Chez les Slick, de père en fils, on a aussi une particularité : on voit la mort brutale dans les yeux des gens juste avant qu'elle ne survienne. Andréa devra affronter ses démons intérieurs pour tenter de terrasser la bête  terrible qui torture et tue, guidée par une théorie immonde, ignoble.

Thriller vitaminé, qui s'il n'invente rien dans l'intrigue générale, est néanmoins très bien ficelé, grâce notamment aux personnages très bien campés et à leurs spécificités : "Tous les hommes de la famille Slick étaient flics de père en fils, depuis des générations. Tous avaient aussi en commun de voir apparaître des stigmates sur les personnes qui allaient décéder. A quelques secondes de mourir, les yeux de ces personnes devenaient intégralement blancs. Nul ne savait pourquoi les Slick avaient cette faculté. Il s'agissait d'un secret dont personne ne parlait." (p.16) Chez les Slick, il y a ceux qui vivent avec ce secret, qui réussissent une vie quasi-normale, ceux qui ne réussissent pas à l'affronter, Paul, le père d'Andréa se suicidera et ceux qui utilisent des béquilles pour rester debout, tel Andréa, alcoolique notoire, taciturne voire franchement désagréable pour le moins peu enclin à faire des efforts dans ses relations à autrui. Néanmoins, une qualité lui est reconnue de tous, c'est un flic excellent, pugnace et tenace. 

Quelques bémols pour moi : certains rebondissements ou enchaînements de faits sont un peu prévisibles voire téléphonés si on lit ou regarde un peu de polars ou de thrillers -je ne suis pas spécialiste, mais parfois j'ai cru être doté d'un flair holmesien-, et une morale du héros un peu douteuse calquée sur les standards étasuniens : la loi du talion ! Un peu plus de finesse ne saurait nuire. Mais, malgré mes remarques, le livre se lit très vite, sans ennui, au contraire, l'efficacité est au rendez-vous. Le tueur est particulièrement retors, pervers et détestable, adepte d'une théorie purificatrice de la race humaine très personnelle, mais dont certaines parties remontent à la surface en ces temps de crises dans nos rues.

Le style d'Olivier Maurel varie entre des dialogues enlevés, directs parfois crus, du langage d'hommes d'actions (ou d'hommes entre eux), des descriptions plus classiques et d'autres très détaillées des différents services de la police, de son fonctionnement et des interactions avec le service pénitentiaire ou la justice ; ça peut paraître trop détaillé, mais ça place ce thriller dans le monde réel alors qu'il pourrait partir très vite vers du totalement fictionnel et absolument pas en phase avec une certaine réalité. 

Et puis, pour finir, le plus intéressant sans doute, O. Maurel s'installe dans la peau d'Andréa Slick ainsi que dans celle du tueur, pour mieux nous faire ressentir leurs questionnements : de celui qui ne va pas bien, tourmenté par ses visions, son alcoolisme chronique et sa volonté d'en finir sans oser franchir le pas lui-même à celui qui, fort d'une théorie qu'il croit la meilleure de toutes se permet des actes odieux sans remords. Une plongée dans l'âme humaine comme dit l'éditeur en quatrième de couverture.

Peu d'avis en ligne, un sur Babelio.

 

thrillers

 

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A
Le problème, c'est que l'on devient des lecteurs exigeants.
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Y
<br /> <br /> C'est  vrai, c'est pourquoi, parfois on émet des réserves<br /> <br /> <br /> <br />