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Les larmes de Belle-Île

Publié le par Yv

Les larmes de Belle-Île, Jean-Paul Le Denmat, Palémon, 2023

2013, un très vieux prêtre est retrouvé, assassiné dans une église de Nantes. Ludovic Le Maout et son coéquipier surnommé Sans Sucre arrivent sur les lieux. Le tableau est macabre. Ludovic sort et a à peine le temps d'apercevoir une moto noire quitter les lieux rapidement.

Puis c'est au tout d'un juge de disparaître dans la presqu'île de Rhuys, près de Vannes. Les deux affaires semblent liées.

1933, Lucien, 13 ans, est envoyé dans la colonie pénitentiaire de Belle-Île pour des faits qu'il n'a pas commis. Sa mère, injustement accusée de vol est jetée en prison.

De nouveau Ludovic Le Maout entame une enquête qui le mènera très loin sur les chemins de l'enfer et de l'horreur. Tout remonte à la colonie pénitentiaire de Belle-Île, le Maison d’Éducation Surveillée de Haute-Boulogne, dans laquelle des enfants étaient envoyés pour des motifs souvent véniels, parfois même juste parce qu'ils étaient orphelins et pauvres. Là-bas la vie y était rude, infernale. Les pages sur le calvaire de ces jeunes gens sont terribles, violentes, à l'image de ce qu'ils subissaient : "L'Brisou et toute l'administration les voyaient comme des vauriens, des indomptables, des rebelles, des brutes avec des tares héréditaires visibles sur leurs visages fatalement destinés à la prison ou au bagne. Seul remède pour les arracher à leurs vices : les faire plier et les mettre dans le droit chemin. Haute-Boulogne. Bien plus dure que la prison. Pire que le bagne. L'enfer." (p.84) Ces pages m'ont immanquablement ramené à un autre polar lui, il y a quelques années, sur ces mêmes centres, mais à Lyon : De mal à personne d'Odile Bouhier. JP Le Denmat y consacre 120 pages, très documentées, que l'on lit d'une traite. Il s'inspire de faits réels et notamment une évasion, en 1934, de 56 jeunes gens tous repris, sauf un retrouvé noyé. 

Les thrillers de l'auteur sont toujours très denses, tourmentés -à l'image de son héros-, parfois jusqu'à une certaine difficulté à s'y retrouver, dans les différents personnages, les dates... On saute de surprise en rebondissement, de péripétie et coup de théâtre. Il est bien difficile de lâcher le livre. C'est encore plus vrai cette fois-ci grâce au contexte particulièrement fort et prégnant.

Et puis, il y a aussi Ludovic Le Maout, son flic récurrent, en proie à des angoisses, des peurs, des troubles de l'attachement avec Rita, rencontrée sur un tome précédent. Il doute de lui, d'elle, est particulièrement jaloux, peut passer d'une humeur dépressive pour un geste absent et remonter très vite dans une espèce d'euphorie après un mot doux. L'équipe qu'il forme avec Sans Sucre est efficace et c'est toujours un plaisir de la retrouver.

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