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Les féroces

Publié le par Yv

Les féroces, Jedidiah Ayres, Les Arènes, 2018 (traduit par Antoine Chainas)

Politoville, coin perdu du Mexique, même pas noté sur les cartes. Ceux qui vivent là, dans ce désert inhospitalier sont en pénitence. C'est pire que l'enfer. C'est un repaire de criminels, de prostituées kidnappées et violées très jeunes puis laissés dans ce coin, dans des masures glauques et qui ne sont là que pour assouvir les désirs de ces hommes rudes et violents, rarement sobres. L'alcool, la drogue font des ravages sur la santé physique et mentale. Aucun espoir d'en sortir, tout autour c'est le désert à perte de vue. Jusqu'au jour où un gringo, un peu moins camé décide de s'enfuir avec une fille.

Très court roman et heureusement, car il est noir, du noir le plus profond, du noir absolu anishkapoorien, vantablackien. Le texte démarre avec de courtes phrases, rapides, sur un mode oral. C'est le futur évadé qui s'éveille. Cette première partie est écrite à la deuxième personne. C'est dur. La tension est palpable, tellement forte qu'on pourrait la toucher. La vie à Politoville est pénible, on y survit à peine : "Pieds nus, tu longes l'unique route du patelin. Tu fais de ton mieux pour extraire tous les nutriments possibles de ta clope. La carcasse d'un chien mort la veille a disparu du bas-côté où elle reposait. Ne surtout pas manger de ragoût chez Ramón aujourd'hui." (p.15)

La seconde partie semble moins dure au départ : une femme et son fils, dix ans après, retournent dans le désert. Elle sera finalement encore plus dure que la première, sans espoir. La violence, la vengeance mène aux pires des exactions. Et la troisième partie fait le lien entre les deux premières, car effectivement en débutant la deuxième partie, on se demande si on est dans un roman ou des nouvelles, mais assez vite on comprend le lien que la fin du roman explicite plus en détail.

Il vaut mieux éviter d'être au trente-sixième dessous pour lire ce roman, ça évitera de descendre encore d'un niveau. Malgré tout, ce texte que où la violence transpire à chaque mot évite les descriptions glauques, les coulées d'hémoglobine. Quelques descriptions sont bien présentes et difficiles, mais le plus dur est suggéré, surtout parce qu'on le visualise.

C'est un texte nerveux, dense, écrit avec un minimum d'effets. Du direct, du franc. Du coup de poing. Ça cogne, ça fait de bruit et ça ne laisse pas insensible. Cent-vingt pages que l'on peut choisir de lire d'une traite, en apnée ou par petits bouts pour reprendre son souffle.

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L
Quelle horreur ! Je me demande ce qui pousse un écrivain à ecrire ce genre de romans.
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Y
C'est un genre et certains -je ne sais pas si c'est la cas ici- écrivent aussi autour de ce qui leur est arrivé