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Les morts de la Saint-Jean

Publié le par Yv

Les morts de la Saint-Jean, Henning Mankell, Seuil 2001 (traduit par Anna Gibson)

Juin 1996, la nuit de la Saint-Jean, trois jeunes gens partis dans une clairière faire la fête sont tués. Leurs corps disparaissent, leurs voitures aussi. Seule la maman de l'une des jeunes femmes, inquiète, fait le siège de la police d'Ystad pour que les flics commencent des recherches.

Août 1996, Kalle Svedberg, l'un des flics de l'équipe de Wallander est retrouvé assassiné dans son appartement. C'est la stupéfaction, Svedberg, policier discret ne semblait pas avoir d'ennemis. Bientôt Wallander est persuadé que la mort de son collègue est liée à la disparition des trois jeunes gens, ce qui monterait à quatre le nombre de victimes du terrible tueur qui traîne dans les rues d'Ystad.

Depuis quelques mois, je reprends la série des enquêtes de Wallander dans l'ordre de leur écriture par Henning Mankell. Persuadé que ma relecture serait passionnante, je me trompais sur un point. Ce tome n'est pas une relecture puisque rien, contrairement aux autres ne me disait que je l'avais déjà lu. C'est donc une découverte que cette enquête éprouvante pour Wallander, son équipe et ses lecteurs. Kurt ne va pas bien, sa santé n'est pas au top, il a du mal à se remettre du décès de son père et de sa séparation d'avec Baiba et son rythme de travail, imposé par ces nouveaux meurtres ne va pas lui permettre de prendre soin de lui. Comme toujours, dans les polars d'Henning Mankell, les enquêteurs partent de rien : aucun indice, aucune trace. Ici, juste l'inquiétude d'une mère puis, évidemment, ensuite, l'assassinat de Svedberg. Le travail est harassant, long, souvent ingrat, il ne faut rien négliger, même le plus petit indice qui pourrait être important. Donc les flics contrôlent, recontrôlent, réveillent les témoins, ne dorment que peu, fouillent les vies des moindres personnes en lien avec les victimes. La pression est forte, celle de l'opinion publique, des journalistes et de la hiérarchie. Kurt Wallander n'est pas vraiment diplomate et parfois, la fatigue aidant, ses mots et ses actions le débordent.

Moi qui ne suis pas fan des gros bouquins, j'avale sans rechigner et même avec un plaisir évident les presque 600 pages de ce tome, dans lequel, Henning Mankell, parle de la société qui change à l'approche du nouveau millénaire (écrit en 1996/1997), qui devient plus individualiste, qui paupérise les plus pauvres et enrichit les plus riches, qui voit une nouvelle forme de violence apparaître contre des moyens policiers qui baissent ou qui ne sont plus adaptés. La Suède change, ce pays envié et souvent montré comme modèle ne l'est plus.

Et les héros de Mankell sont très humains : ils évoluent au fil des romans, ils vivent comme vous et moi. Wallander, mon flic de fiction préféré n'est pas un sur-homme, il doute, se décourage, est en proie à des soucis de santé. Il est très seul, n'a quasiment pas d'amis, absorbé par son travail. Comme toujours, bien sûr, il parviendra à trouver le coupable, mais à quel prix ?

Excellent, passionnant !

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A
J'avais adoré cette série policière, et à l'époque aussi Wallander était mon flic de fiction préféré. Je lui ai fait des infidélités depuis ... Ce tome est l'un de ceux qui m'avait le plus marquée, grâce à sa profondeur sociale, comme tu lesouligne ... Bonne fin de relecture !
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Y
Kurt reste mon flic préféré, même si moi aussi, depuis, je lui ai fait beaucoup d'infidélité. Il est le premier que j'ai lu à inclure une part sociétale et sociale importante, et il vieillit contrairement à certains héros récurrents qui restent éternellement au même âge
A
Depuis les années 90 dont parle l'auteur, peu de choses ont changé (toujours moins de moyens).
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Y
Oui et la société est allée vers toujours plus d'individualisme
D
Bonjour Yv, avec La 5ème femme, c'est mon Wallander préféré. Bonne journée.
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Y
Bonjour Dasola, je serais bien incapable d'en chosir un -sauf Les chiens de Riga qui me semble moins bon- tant tous les titres me plaisent.<br /> A bientôt
S
Bien d'accord. Mankell c'est souvent excellent.
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Y
Bien dit