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Cézembre noire

Publié le par Yv

Cézembre noire, Hugo Buan, Pascal Galodé, 2010 (Palémon, 2016).....

Lucien Workan, commissaire à la DIPJ de Rennes est mandé sur l'île de Cézembre, au large de Saint-Malo, en ce 8 novembre pour surveiller les activités de deux scientifiques étasuniens qui travaillent pour la CIA. Leila Mahir, la lieutenante préférée du commissaire -mais ça doit rester secret- l'accompagne, ainsi que le capitaine Lerouyer -normal, c'est son bateau qui fait le voyage- et le lieutenant Roberto. Equipe au complet à laquelle est adjointe la lieutenante Cindy Vitarelli. Tout ce monde logera au Barge'hôtel avec la famille Monsiret en séminaire d'entreprise, les trois propriétaires de l'hôtel, Léon et Noël Darec (grand-père et petit fils palindromes) et Marie-Line, fille et mère. Sans oublier Berty, tueur à -petits- gages et son taxi-bateau Hale-Ta-Patte. Et voilà l'île étrangement animée pour ce mois de novembre et isolée par une forte tempête.

Deuxième enquête de Workan et son équipe qui cette fois-ci se retrouvent dans un huis-clos qui ne l'est pas d'ailleurs puisque tout est ouvert sur cette île de laquelle, vu le temps, il est difficile de s'enfuir. Île qui fut véritablement pilonnée en 1944, car aux mains des Allemands qui refusaient de se rendre, contrairement à ceux d'en face à Saint-Malo ; rarement un endroit reçut autant de bombes et d'engins explosifs et même des bombes au napalm et au phosphore pour déloger les occupants. D'ailleurs, toujours pas entièrement déminée, elle n'est que très partiellement ouverte au public. C'est donc le lieu idéal pour placer une intrigue policière. Et quand c'est Hugo Buan qui s'en charge, nul doute que ça va dépoter et que ça va faire rire. Les dialogues avec Workan sont toujours aussi drôles, surtout lorsqu'il s'adresse à Leila qui ne peut s'empêcher de le titiller, parfois, il est difficile de se retenir de rire tout haut. Mais les dialogues ne sont pas les seuls à donner ans le comique, le décalé : "Enfin la veine jugulaire fut tranchée. Le sang bouillonnant jaillit par saccades. La scène, interminable, dura treize secondes." (p.117) Bon, je conçois que de prime abord, ce n'est pas drôle, c'est la juxtaposition de "interminable" et "treize secondes" qui me fait sourire, mais sans doute ces mêmes phrase dans un thriller glauque n'auraient pas le même effet.

Retour à Cézembre, où les flics bossent, le tueur à gages hésite, parce que quand même tuer alors que cinq flics sont aux alentours, ce n'est pas aisé, les scientifiques étudient discrètement, et Noël Darec, surdoué étale ses connaissances à un Workan subjugué. L'enquête part dans tous les sens, les flics ne peuvent compter que sur eux, exit l'ADN, les relevés téléphoniques, et toutes les techniques modernes. Retour à l'ancienne, papier stylo et investigations. 

On ne lit pas les aventures de Workan uniquement parce qu'elles sont drôles, on les lit également parce que Hugo Buan nous apprend plein de trucs sur les lieux dans lesquels elles se déroulent, donc ici, Cézembre -que personnellement je ne connaissais pas du tout- et parce que l'intrigue se tient et nous tient. Encore une fois le mélange est très réussi.

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M
Effectivement, voilà un roman qui en plus du plaisir, enseigne. Je ne connaissais ni cette île ni son histoire. Merci du partage.
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Y
Et moi non plus, il est des trésors insoupçonnées en Bretagne