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La dernière couverture

Publié le par Yv

La dernière couverture, Matthieu Dixon, Jigal polar, 2018...

Raphaël est photographe de presse, cornaqué, épaulé par Bernard, un ancien dans le métier, ex-militaire -comme Raphaël. Bernard est réputé, a pris des photos qui ont la une de plusieurs magazines. Du pipole, du politique, du politico-judiciaro-financier, il a touché à tous les domaines assurant sa notoriété et son aisance pécuniaire. Mais ce qui paraît simple pour les lecteurs et pour le public, l'est nettement moins lorsque, comme Raphaël, on pénètre dans ce monde i particulier. Aussi, lorsque Bernard est victime d'un accident d'hélicoptère, le jeune homme commence-t-il à éplucher la vie de son mentor et comprend-il que l'accident n'est est peut-être pas un.

Roman d'espionnage plus que roman policier, Matthieu Dixon plonge dans les coulisses de la presse. Le constat n'est pas très glorieux, entre les vrais-fausses photos volées, les arrangements entre amis pour relancer une carrière, pour en couler une autre qu'elle soit artistique mais surtout politique. Si le pipole nourrit son photographe, Raphaël va assurer ses arrières en y prenant sa place, mais s'intéresser surtout au politique et aux drôles de relations qu'entretiennent certains membres de ce monde avec des hommes d'affaires douteux (le vendeur d'armes qui s'appelle Michel Dossa et qui n'a pas changé sa monture de lunettes depuis les années 80,  je dis bravo). Dès lors, la réflexion sur le rôle de la presse, sur son supposé pouvoir, le quatrième paraît-il, vont émailler et donner l'ossature de ce texte :

"- Tu ne t'es pas demandé si toutes les informations devaient être publiées ? Peut-être qu'il y a des choses que le public ne doit pas savoir ? Dont il faut le protéger ? [...] Cette photo. Tu t'es demandé qui ça servait de la publier ? Quand une information va à l'encontre des intérêts de ton pays, de ses citoyens, des lecteurs, tu fais quoi ? [...]

- Un journaliste n'a pas à prendre parti." (p.138/139)

Tout au fond du livre, Raphaël reste tiraillé entre les deux options : publier vaille que vaille ou ne publier que ce qu'il juge utile, sans nuire aux intérêts de son pays. J'imagine que c'est une discussion fréquente entre journalistes, que les deux options ont leurs défenseurs emplis d'arguments. Son intrigue repose sur cette question et sur le choix à faire. 

J'ai trouvé ce roman original, d'une part parce qu'il me semble que le roman d'espionnage est un peu tombé en désuétude et c'est fort dommage, ensuite par le ton adopté, celui d'un novice qui découvre les arcanes de ce milieu. Matthieu Dixon use d'une écriture simple, qui, en même temps qu'elle explique les découvertes de son héros, fait part de ses doutes, ses peurs. Il écrit de belles phrases sur le deuil, la mort d'un proche et le vide qu'il laisse.

Le roman est foisonnant, parfois trop même -il faut quelques références sur les personnalités politiques et des affaires de ces dernières années , et m'a semblé un peu long au démarrage, mais petit à petit le rythme s'installe et si le suspense n'est pas à la hauteur d'un thriller classique, ce livre que l'éditeur nomme un thriller politique tient la route et ne ménage ni ses personnages -héros compris- ni ses lecteurs qui le refermeront avec l'envie de poursuivre la discussion sur les différents thèmes abordés. Lisez-le et faites-le lire à vos proches, que chacun affute ses arguments.

Commenter cet article
E
Roman d'espionnage, pas trop tentée, mais beaucoup plus par la presse et les journalistes, assez peu présents dans les livres.
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Y
le mélange est intéressant, expérience à tenter
A
Roman d'espionnage, en général je fuis. Mais ce que tu en dis me ferai presque changer d'avis.
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Y
disons qu'on est dans un roman polocio-espionnage