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Que Dieu me pardonne

Publié le par Yv

Que Dieu me pardonne, Philippe Hauret, Jigal polar, 2017....

Franck Mattis est lieutenant de police dans une ville de province. Il fait équipe avec Dan, un flic violent et raciste. La collaboration est difficile.

Kader, lui, vit dans la cité de cette ville, de petites rapines. Il fume pas mal, cambriole un peu, juste de quoi aider sa mère femme de ménage et de quoi tenter de se rapprocher de Mélissa, très jolie jeune femme de la cité également qui peine à trouver du boulot.

Rayan est fortuné, riche héritier d'une famille dont il est le dernier représentant, il dépense en une journée plus que Kader et Mélissa ont jamais gagné. Incontrôlable, rien n'est trop beau ou trop cher pour lui, mais Rayan est un poil dérangé.

Tout ce monde se côtoie sans se fréquenter, un hasard, une opportunité les met en relation, pour le meilleur et le pire...

Retour de Franck Mattis après Je vis je meurs, en meilleure forme. Un bon flic, sympa qui tente de faire son boulot au mieux, en respectant collègues et usagers, même les gens qu'il interroge. Toujours en questionnement sur sa vie privée, sa compagne Carole voulant un enfant, lui hésitant.

Philippe Hauret écrit un polar atypique, puisqu'il n'y a pas vraiment d'enquête, juste des gens qui vivent les uns à côté des autres, se croisent. Ils auraient pu se contenter de cela s'il n'y avait eu un petit coup de pouce du destin qui va les faire se fréquenter pour diverses raisons, pas toujours les bonnes. Un roman noir pas que noir. Il y a en lui des parcelles d'espoir, de l'optimisme, même si parfois icelui peut-être mis à mal. Des personnages crédibles, assez réalistes dans une histoire qui peut le paraître moins mais qui pour autant est très bien de bout en bout. Le flic facho est par exemple un type de personnage qu'on ne trouve pas beaucoup dans le polar alors que l'on sait que beaucoup de policiers votent FN : "Il ne pouvait plus supporter la xénophobie qui contaminait petit à petit les rangs de la police. [...] Les conditions de travail se durcissaient, la délinquance explosait, et la paie ne suivait pas. Ce qui rendait ses collègues toujours plus désabusés et nerveux." (p.27).

Philippe Hauret, sans être angélique, se place dans la position de l'écrivain défenseur des faibles, ses "méchants" sont les nantis, les riches et arrogants qui croient que tout s'obtient avec le pouvoir et l'argent, ses héros sympas sont les petits. Par exemple, lorsque Franck arrête un jeune Rom cambrioleur : "Trimballé depuis l'enfance d'un camp de fortune boueux à un autre, des planches en guise de murs, avec pour seul chauffage un poêle bricolé qui diminuait votre espérance de vie à chaque respiration. Un matelas humide, la saleté, les rats parfois, souvent même. La manche à la place de l'école, mais toujours sans un rond, tellement les sommes ramassées se révèlent dérisoires. Et les années passent, l'enfant grandit, sevré de tout, la tête vide de culture, d'éducation, d'hygiène et d'estime de soi-même." (p.25) C'est sans doute ce parti pris qui donne le ton positif au bouquin, on sent que dans les mots du romancier, il y a de l'espoir pour peu que l'on regarde le monde différemment, non plus comme on veut bien nous le montrer, mais avec nos yeux à nous, dépollués.

Une lecture qui fait du bien, même si tout n'est pas rose, un point de vue original dans une histoire qui ne l'est pas moins.

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D
Un roman qui parait en plus bien écrit au vu de l'extrait que tu donnes. Pourquoi pas (bis)?
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Y
Oui, très agréable à lire, un des ces polars dont on ne peut sortir avant la fin.<br /> Bonne journée
A
Te voilà accro à cette série policière.
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Y
ce n'est pas vraiment une série, ou alors des épisodes lisibles les uns sans les autres, et il est vrai que c'est très bien