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Dans l'ombre du viaduc

Publié le par Yv

Dans l'ombre du viaduc, Alain Delmas, Intervalles, 2017

1957, Arnaud Madrier, jeune ingénieur est envoyé en Espagne, à Valence, pour un chantier. Se liant d'amitié avec Paco, celui-ci l'invite à passer quelques jours à Teruel son village natal pour assister à la feria. Teruel, c'est aussi le village dans lequel le père d'Arnaud a combattu pendant la guerre d'Espagne, dans les Brigades Internationales avant de disparaître mystérieusement. Arnaud veut profiter de ce séjour pour comprendre cette disparition, mais vingt ans après les faits, sa présence dérange encore. En plus, il tombe amoureux d'Inès, la fille du maire.

Roman noir, roman sur la quête de l'identité, des origines et de l'histoire de ses parents. Peut-on en être fier ? Doit-on en avoir honte ou peur ou la rejeter ? Doit-on vivre avec le poids des fautes et des erreurs de ses parents, doit-on ou peut-on s'en affranchir ?

Voilà, c'est un peu tout cela ce roman et plein d'autres choses, sur l'amitié, l'amour, la haine, la vengeance, la trahison. Très bien fait, tout commence comme un séjour plaisant dans un charmant village espagnol et la tension monte crescendo, quasi imperceptible au départ puis de plus en plus prégnante. L'intensité est surtout due aux rapports entre les personnages, Paco et Arnaud en particulier. Au fur et à mesure qu'ils se découvrent et apprennent leur histoire leur amitié se renforce mais explose également. Paco est un sanguin qui réagit très vite, contrairement à Arnaud qui prend plus le temps de la réflexion.

Le rythme n'est pas haletant, c'est plus un polar d'ambiance que de situation. Point de courses poursuites, d'actions explosives, violentes, d'objets connectés -on est en 1957-, de bagarres à toutes les pages. L'Espagne est là, présente et très décrite. Franco est encore au pouvoir et l'on sent bien que les gens subissent, n'osent pas dire ou agir de peur de subir les foudres du pouvoir. L'homme fort de Teruel, représentant du caudillo, a les moyens de faire taire les plus téméraire, les plus combatifs.

Ce qui est très agréable dans ce roman, c'est le mélange bien dosé par Alain Delmas : le contexte géographique : Teruel et ses petites rues pittoresques ; le contexte culturel -même si je sais que ça va faire hurler de parler de culture à propos des corridas, mais il n'empêche que c'est culturel, même si l'on n'est contre la mise à mort de taureaux- ; le contexte historique : Franco est à la moitié de son règne, la guerre civile est encore récente et les blessures non refermées, les voisins peuvent s'être combattus durement et vivent maintenant à côté ; l'intrigue qui, si elle n'est pas insoupçonnable ni même hyper originale, est fort bien mise en scène et permet d'aller allègrement au bout des 288 pages sans jamais rechigner ; l'histoire d'amour compliquée est là également pour ajouter une part de drame et de douleur en même temps qu'une dose de sensualité, rien que la description d'Inès laisse le lecteur que je suis tout émoustillé.

Alain Delmas signe là son premier roman, publié chez Intervalles -beau choix-, très prometteur pour la suite.

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Z
Et un de plus à lire
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Y
Désolé...